La méditation et la pleine conscience aident-elles vraiment ?
Des centaines d’études affirment que la pleine conscience, les promenades dans la nature et l’expression de la gratitude nous rendent plus heureux. Toutefois, une nouvelle analyse a révélé que la plupart de ces documents de recherche portant sur ces stratégies, reposent sur des essais de petite taille et mal conçus, ce qui pourrait rendre leurs conclusions peu fiables.
Des documents de recherche peu fiables
Cela ne signifie pas que ces interventions ne fonctionnent pas, mais nous avons besoin de recherches scientifiques beaucoup plus solides pour prouver qu’elles fonctionnent, déclare Elizabeth Dunn, de l’université de Colombie-Britannique, au Canada.
Il y a une dizaine d’années, le domaine de la recherche en psychologie a connu une « renaissance » lorsque les scientifiques ont réalisé que leurs méthodes habituelles d’expérimentation pouvaient conduire à des résultats erronés. Ces études comptaient souvent trop peu de participants ou les sélectionnaient manuellement une fois l’expérience terminée, ce que Mme Dunn appelle « masser les données ».
Réduire les faux positifs
Depuis cette renaissance, les chercheurs sont censés « préenregistrer » leurs études, ce qui signifie qu’ils définissent leurs plans d’analyse statistique avant de commencer l’expérience. « Le pré-enregistrement a pour effet de nous lier les mains à l’avance », explique M. Dunn. « Nous devons nous engager sur la manière dont nous allons mener l’étude et effectuer les analyses avant de mettre la main sur les données. Cela réduit considérablement le risque de trouver un faux positif ».
Curieux de savoir comment les essais antérieurs à la renaissance ont pu influencer les résultats de la recherche sur le bonheur, Dunn et son collègue Dunigan Folk ont effectué des recherches sur Google pour des expressions telles que « comment être heureux » et « moyens scientifiquement prouvés d’être plus heureux ».
Les cinq stratégies d’amélioration du bonheur qui ressortent le plus de ces recherches sont l’expression de la gratitude, la sociabilité, l’exercice physique, la pratique de la pleine conscience ou de la méditation, et l’exposition accrue à la nature.
Les scientifiques ont ensuite recherché dans des revues, publiées jusqu’à la mi-novembre 2022, des études portant sur ces cinq stratégies, à l’exclusion de celles portant sur des personnes atteintes de maladies en phase terminale, ou de problèmes de santé mentale.
Seules quatre étaient considérées comme solides
Sur les 532 études qui répondaient à leurs critères, seules quatre étaient considérées comme solides selon les normes actuelles – définies comme ayant au moins 45 participants, ainsi qu’un plan clairement préenregistré au début de l’expérience afin de prévenir tout biais ultérieur.
Deux de ces études portaient sur l’expression de la gratitude et les deux autres sur les avantages des interactions sociales. Aucune des études portant sur la pleine conscience ou la méditation, l’exercice physique ou l’exposition à la nature ne comptait suffisamment de participants et n’impliquait d’inscription préalable.
Sur les 532 études, 475 ne comportaient ni plan de préinscription ni nombre suffisant de participants. « Quatre-vingt-quinze pour cent d’entre elles ont des échantillons beaucoup trop petits », explique M. Dunn. « Nous ne pouvons donc pas leur accorder une grande confiance.
Un manque de preuves solides
Malgré tout, de telles stratégies pourraient, en théorie, contribuer à améliorer le bonheur, selon M. Dunn. « Nous ne voulons certainement pas que les gens retiennent de cette étude que, si vous avez une pratique quotidienne de la méditation qui vous rend vraiment heureux, vous devriez l’arrêter », dit-elle. « C’est juste qu’il n’y a pas encore de preuves solides que cela fonctionne pour tout le monde.
Cette recherche a été publiée dans Nature Human Behaviour.
Source : New Scientist
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