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Des gravures dans des grottes sont les premières œuvres d’art Néandertalien

Préhistoire 22 juin 2023

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Il y a au moins 57 000 ans, des Néandertaliens ont gravé avec leurs doigts des symboles sur la paroi d’une grotte en France. Ces gravures comptent parmi les plus anciens exemples connus d’art néandertalien, et sont peut-être même les plus anciennes.

Des symboles gravés par des Néandertaliens

« Ces gravures ne pouvaient avoir été faites que par des Néandertaliens », explique Jean-Claude Marquet de l’Université de Tours en France, car ce sont les seuls hominidés à avoir laissé des artefacts dans cette grotte et l’entrée était scellée par des sédiments jusqu’à l’époque moderne.

Les Néandertaliens vivaient dans la première chambre et entraient dans la deuxième et la troisième, explique Marquet. Les fouilles ont mis au jour de nombreux outils en pierre de type « moustérien », que l’on associe aux Néandertaliens et non aux Homo sapiens.

Les murs de la troisième chambre, appelée chambre des piliers, sont faits de tuf, une roche tendre formée principalement de cendres volcaniques solidifiées. L’équipe y a trouvé huit panneaux couverts de marques. Il n’est pas certain que ces gravures « représentent une pensée symbolique », écrivent Marquet et ses collègues dans leur article. « L’interprétation et la signification sont très compliquées à imaginer », explique M. Marquet.

Les outils moustériens sont la preuve que ces gravures viennent des Néandertaliens

L’attribution des gravures aux Néandertaliens, et non aux hommes modernes, repose en partie sur les outils moustériens trouvés dans cette grotte et en partie sur la chronologie. L’équipe de Marquet a daté les sédiments de l’entrée de cette grotte d’au moins 57 000 ans, et probablement d’environ 75 000 ans. Cela signifie que l’entrée a été scellée à cette époque.

Bien que de nombreux exemples d’art préhistorique soient connus en Europe et ailleurs, la plupart datent des dernières dizaines de milliers d’années et ont été attribués à H. sapiens. Les affirmations relatives à l’art néandertalien ont été très controversées. Des preuves solides sont finalement apparues en 2018, lorsque des chercheurs ont démontré que l’art trouvé dans plusieurs grottes espagnoles datait de plus de 45 000 ans, et dans certains cas de plus de 60 000 ans.

L’histoire s’est depuis compliquée, car il est apparu que des humains modernes sont entrés en Europe par intermittence il y a moins de 45 000 ans. Certains ont brièvement vécu à la Grotte Mandrin, dans le nord de la France, il y a environ 54 000 ans, et d’autres se trouvaient en Grèce il y a 210 000 ans.

Néanmoins, selon April Nowell, de l’université de Victoria au Canada, il est probable que les Néandertaliens soient à l’origine de ces gravures. « Je n’ai aucune difficulté à admettre qu’il s’agit de tracés numériques produits par des hominidés et qu’ils datent d’une période où seuls des Néandertaliens se trouvaient dans cette région ».

Les gravures de La Roche-Cotard viennent s’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses de la production de symboles et d’objets symboliques par les Néandertaliens. En 2003, Marquet et son collègue Michel Lorblanchet, du Centre national français de la recherche scientifique, ont décrit un artefact provenant de La Roche-Cotard : un morceau de silex traversé par un éclat d’os, qu’ils ont interprété comme une tentative de représentation d’un visage, vraisemblablement celui d’un Néandertalien.

Plus récemment, un symbole ressemblant à un hashtag a été trouvé dans la grotte de Gorham à Gibraltar, probablement réalisé par un Néandertalien. Il est clair que certains Néandertaliens ont adopté ces comportements, affirme M. Nowell. « Mais je trouve intéressant que tous ces exemples semblent en quelque sorte uniques ». Aucun autre site néandertalien connu ne présente de gravures comme celles de La Roche-Cotard ou de la grotte de Gorham, alors que l’art préhistorique d’H. sapiens est plus courant et contient des éléments répétitifs.

Les Néandertaliens peuvent avoir créé des symboles avec peu ou pas de signification

De la même manière qu’une personne sur la plage peut gribouiller des formes dans le sable, les Néandertaliens peuvent avoir créé des symboles avec peu ou pas de signification, explique Nowell. « Je pense que nous ne disposons pas encore de ce type de comportement symbolique au niveau de la communauté.

Il se peut que les hommes modernes aient repris certains des comportements symboliques des Néandertaliens et les aient développés davantage. « Il y a des preuves évidentes qu’ils se sont croisés et qu’ils ont donc pu apprendre les uns des autres. », explique Nowell.

Cette recherche a été publiée dans PLOS ONE.

Source : New Scientist
Crédit photo : Kristina Thomsen, CC-BY 4.0