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Une ultra petite molécule comme nouvelle cible pour la maladie d’Alzheimer ?

biothechnologie 16 juin 2023

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Une nouvelle étude montre qu’une très petite molécule appelée microARN-132 peut avoir un impact significatif sur différentes cellules du cerveau, et pourrait jouer un rôle dans la maladie d’Alzheimer. L’ARN est une molécule qui, comme l’ADN, se compose d’une série d’éléments liés entre eux.

La molécule microARN-132

On a longtemps pensé que l’ARN servait uniquement de messager et de copie de l’ADN, permettant la traduction de l’ADN en protéines. Cependant, il existe également des morceaux d’ARN qui ne codent pas pour des protéines. Les microARN sont un exemple de ces molécules d’ARN non codantes.

Malgré leur petite taille, ils peuvent avoir une fonction majeure : ils peuvent se lier à l’ARN et influencer ainsi l’expression des gènes et des protéines. Dans de nombreuses maladies, dont la maladie d’Alzheimer, les microARN sont souvent dérégulés.

L’effet du microARN-132 dans différents types de cellules

Des chercheurs et leur équipe, dirigée par Evgenia Salta, ont étudié les effets du microARN-132 dans différents types de cellules. Ils ont manipulé les niveaux de microARN-132 dans un modèle de souris en les augmentant et en les diminuant. Ensuite, ils ont utilisé une technique spéciale appelée séquençage de l’ARN d’une seule cellule pour examiner les gènes qui ont changé dans chaque type de cellule du cerveau.

Une des chercheurs Amber Penning explique: « un microARN peut avoir de nombreuses cibles, ce qui le rend intéressant pour les maladies présentant de multiples aspects pathologiques. Cependant, cela les rend également difficiles à étudier, car comment trouver ces cibles ?

Nous savons que le microARN-132 remplit diverses fonctions dans les neurones, mais nous avons découvert avec surprise que ce microARN joue également un rôle dans la microglie, les cellules immunitaires du cerveau. C’est intéressant dans le cas de la maladie d’Alzheimer, car nous pensons que la neuroinflammation joue un rôle important.

Des changements dans l’état des cellules

« Lorsque nous augmentons le taux de microARN-132 dans ces microglies, nous observons un passage d’un état associé à la maladie à un état homéostatique plus équilibré. Nous observons ce résultat à la fois dans le cerveau de la souris et dans les lignées cellulaires humaines. Cependant, pour savoir si ce changement est positif ou négatif, il faut poursuivre les recherches par des expériences de suivie. »

« Il existe différentes théories suggérant que cet état associé à la maladie peut initialement aider à la clairance cellulaire au cours des premiers stades de la maladie, mais devient excessif plus tard, entraînant la mort des cellules saines. Nous devons encore déterminer dans quelle mesure il est bénéfique pour les cellules de devenir plus homéostatiques. Par conséquent, nous devons être prudents lorsque nous tirons des conclusions. »

« L’aspect le plus significatif de cette étude démontre que le microARN-132 joue également un rôle dans la microglie et peut influencer la neuroinflammation. L’étape suivante consiste à examiner si l’augmentation du microARN-132 dans les neurones et la microglie dans un modèle de souris Alzheimer a un effet réel. Il en va de même pour les lignées cellulaires humaines que nous avons utilisées. Dans cette recherche, nous n’avons utilisé qu’une lignée cellulaire témoin saine, mais nous effectuerons d’autres tests sur les lignées cellulaires de la maladie d’Alzheimer pour voir s’il y a des effets.

Augmenter le nombre de microARN-132

« L’objectif ultime serait d’augmenter le nombre de microARN-132 chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer en tant que stratégie thérapeutique. Actuellement, nous utilisons des virus (contenant ce microARN) chez des souris atteintes de la maladie d’Alzheimer qui peuvent être injectés par voie intraveineuse, directement dans les veines.

Il est ainsi plus facile de transposer cette stratégie en clinique, car nous utilisons un virus qui, en théorie, peut également être injecté dans un bras. Outre la maladie d’Alzheimer, d’autres maladies neurodégénératives présentent une diminution du même microARN. Par conséquent, ces résultats peuvent également s’appliquer à d’autres maladies.

Cette recherche a été publiée dans iScience.

Source : Netherlands Institute for Neuroscience
Crédit photo : Shutterstock