Des globules blancs modifiés éliminent le cancer
En réduisant au silence la voie moléculaire qui empêche les macrophages d’attaquer nos propres cellules, des ingénieurs ont manipulé ces globules blancs pour qu’ils éliminent les tumeurs solides.
Des globules blancs modifiés
Dennis Discher et Larry Dooling proposent une nouvelle approche des thérapies ciblées pour les cancers à tumeurs solides. Leur thérapie ne se contente pas d’éliminer les cellules cancéreuses, elle apprend au système immunitaire à les reconnaître et à les tuer à l’avenir.
« En raison des propriétés physiques des tumeurs solides, il est difficile de concevoir des molécules capables de pénétrer dans ces masses », explique M. Discher. Au lieu de créer une nouvelle molécule, nous proposons d’utiliser des cellules qui « mangent » les envahisseurs; les macrophages.
Les macrophages, un type de globules blancs, engloutissent et détruisent immédiatement – phagocytent – les envahisseurs tels que les bactéries, les virus et même les implants, afin de les éliminer de l’organisme. La réponse immunitaire innée d’un macrophage apprend à notre corps à se souvenir des cellules envahissantes, et à les attaquer à l’avenir. Cette immunité acquise est essentielle pour créer une sorte de vaccin contre le cancer.
Mais un macrophage ne peut pas attaquer ce qu’il ne voit pas. « Les macrophages reconnaissent les cellules cancéreuses comme faisant partie de l’organisme et non comme des envahisseurs », explique M. Dooling. « Pour permettre à ces globules blancs de voir et d’attaquer les cellules cancéreuses, nous avons dû étudier la voie moléculaire qui contrôle la communication intercellulaire.
De très bons résultats
La désactivation de cette voie – une interaction de point de contrôle entre une protéine appelée SIRPa sur le macrophage et la protéine CD47 présente sur toutes les cellules « soi » – a été la clé de la création de cette thérapie ». Les macrophages modifiés ont été testés sur des « tumoroïdes », des conglomérats de cellules de mélanome de souris dans des plaques de culture. Les macrophages se sont regroupés autour des cellules cancéreuses, les ont séparées et ont progressivement détruit la tumeur.
Testées in vivo, les cellules modifiées ont permis d’éliminer les tumeurs chez 80 % des souris. Fait important, l’élimination de la tumeur a déclenché une réponse immunitaire adaptative. Des semaines plus tard, les anticorps anti-cancer de type immunoglobuline G ont augmenté.
Cette thérapie par macrophages artificiels fonctionne mieux en combinaison avec la thérapie par anticorps existante. Un jour, les patients pourront peut-être compter sur ces cellules modifiées pour éliminer les tumeurs solides, et le besoin de traitements futurs. La thérapie par les macrophages pourrait être la clé d’un vaccin contre le cancer, détruisant les cellules cancéreuses, et apprenant à l’organisme à détruire les cellules cancéreuses émergentes à l’avenir – ce qui changerait la donne dans la lutte contre le cancer.
Une approche ayant un fort potentiel
Cependant avant que cette approche ne soit offerte aux patients, d’autres recherches sont nécessaires. Mais le potentiel de cette thérapie est grand.
Cette recherche a été publiée dans Nature Biomedical Engineering.
Source : University of Pennsylvania School of Engineering and Applied Science
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