Nous savons maintenant pourquoi les hauteurs font peur
Un circuit cérébral médiateur de la peur des hauteurs a été identifié chez la souris, une découverte qui pourrait contribuer à améliorer les traitements chez les personnes ayant une réaction extrême à ce type de situation.
L’acrophobie viendrait d’un circuit cérébral
La peur des hauteurs, souvent accompagnée d’anxiété et de vertiges, est considérée comme une réaction physiologique intégrée qui a évolué pour aider à prévenir les blessures dues aux chutes. Cependant, 3 à 6 % des personnes souffrent d’acrophobie, une version intense de cette peur qui peut avoir un impact sur leur qualité de vie.
Pour mieux comprendre les raisons de ce phénomène, Wei Shang, de l’East China Normal University à Shanghai, et ses collègues ont placé des souris sur une plate-forme haute et ouverte. Ils ont remarqué qu’elles s’approchaient prudemment du bord avant de reculer ou de se détourner, un comportement similaire à celui des personnes souffrant d’acrophobie.
Une analyse plus poussée a révélé que l’exposition aux hauteurs activait des neurones dans la structure cérébrale moyenne des souris, appelée gris périaqueducal. Lorsque les chercheurs ont désactivé ces cellules, les animaux ont exploré sans crainte le bord de la plate-forme, s’y sont même suspendus et, dans certains cas, en sont tombés.
Des neurones du noyau géniculé latéral
Une autre série d’expériences a montré que ces cellules recevaient des signaux des neurones du noyau géniculé latéral, un composant du système visuel, et que la désactivation de ces cellules empêchait également la peur des hauteurs.
Dans la partie suivante de cette étude, Shang et ses collègues ont constaté que les neurones d’une autre structure du mésencéphale, le colliculus supérieur, étaient activés après que les souris ont été placées sur la plate-forme élevée, ce qui a contribué à supprimer leur peur des hauteurs. Le fait de réduire ces neurones au silence chez un autre groupe de souris a considérablement augmenté la peur des animaux.
L’ensemble de ces résultats montre qu’un circuit cérébral reliant le noyau géniculé latéral et le gris périaqueducal provoque la peur des hauteurs chez la souris, en traitant les informations relatives à la hauteur et qu’une voie supplémentaire reliant ces structures au colliculus supérieur peut inhiber cette réponse de peur.
Mettre point des traitements pour cette maladie
« Notre objectif à long terme est de révéler comment la peur physiologique des hauteurs évolue vers l’acrophobie et de mettre au point des traitements pour cette maladie », déclare l’auteur principal Xiaobing Yuan.
« Nous prévoyons de collaborer avec des psychologues pour déterminer si ces mécanismes s’appliquent également à l’homme et pour clarifier l’indice visuel spécifique qui déclenche la peur des hauteurs, et les circuits cérébraux qui détectent les informations sur les hauteurs pour déclencher la réponse comportementale.
Cette recherche a été publiée dans bioRxiv.
Source : New Scientist
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