Les produits chimiques pour décaféiner le café affectent la couche d’ozone
Les produits chimiques utilisés pour décaféiner le café, produire des décapants, fusionner les plastiques et purifier les antibiotiques, contribuent à l’appauvrissement de la couche d’ozone au-dessus des tropiques.
Plusieurs produits chimiques affectent la couche d’ozone
Depuis le protocole de Montréal en 1987, lorsque les pays ont convenu d’éliminer progressivement l’utilisation des chlorofluorocarbures (CFC) et d’autres aérosols nocifs, la couche d’ozone s’est rétablie. Mais une partie de celle-ci, dans la basse stratosphère tropicale, a montré des signes d’épuisement ces dernières années.
Les chercheurs ont blâmé le changement climatique pour cet écart, car une atmosphère plus chaude accélère le flux d’air chaud des tropiques vers les pôles, amincissant la couche d’ozone sous les tropiques.
Mais les recherches de Julián Villamayor à l’Institut de chimie physique de Madrid, en Espagne, et de ses collègues, suggèrent que la pollution par des produits chimiques à courte durée de vie est également à blâmer.
Les VSLS appauvrissant la couche d’ozone
Les substances à très courte durée de vie (VSLS) sont des produits chimiques appauvrissant la couche d’ozone qui ne durent généralement que six mois dans l’atmosphère. Certains, comme le brome, sont d’origine naturelle, tandis que d’autres, comme le dichlorométhane, sont produits industriellement.
Ils sont utilisés pour toute une gamme d’applications, y compris l’extraction de la caféine du café et comme propulseur de pulvérisation d’aérosol. Bien qu’ils soient connus pour attaquer la couche d’ozone, leur utilisation n’est pas réglementée par le protocole de Montréal.
Ces substances nuisent à la couche d’ozone dans la basse stratosphère tropicale, dit Villamayor. « Ils ont une durée de vie si courte qu’ils n’atteignent pas les niveaux supérieurs de la stratosphère, ni les régions polaires », dit-il. « Mais ils pénètrent dans la stratosphère via la très forte convection tropicale et ils réagissent dans la couche la plus basse de la stratosphère. »
Villamayor et ses collègues ont utilisé des modèles climatiques sophistiqués pour simuler l’impact sur la couche d’ozone des émissions de tous les gaz à effet de serre d’origine naturelle et humaine, et ont constaté qu’ils pouvaient représenter jusqu’à un quart des dommages subis par la couche dans les tropiques au cours des 20 dernières années. Le changement climatique est responsable du reste.
Un appauvrissement de 30 % d’ici à la fin du siècle
À l’avenir, l’utilisation incontrôlée de VSLS d’origine humaine pourrait accroître l’appauvrissement de la couche d’ozone dans la stratosphère tropicale de 30 % d’ici à la fin du siècle, selon Villamayor.
Cela pourrait avoir de graves conséquences pour les millions de personnes vivant dans la ceinture tropicale, l’une des régions les plus peuplées du monde, entraînant une augmentation des taux de cancers de la peau, une réduction des rendements des cultures et des perturbations de la chaîne alimentaire marine.
Modifier le protocole de Montréal
Villamayor dit que les pays devraient envisager de modifier le protocole de Montréal pour restreindre l’utilisation des VSLS.
Neil Harris, de l’université de Cranfield (Royaume-Uni), estime que cette recherche est solide et convient que l’utilisation des VSLS devrait faire l’objet de contrôles plus stricts. « Il ne fait aucun doute qu’il faut s’efforcer de réduire les émissions de ces composés.
Cette recherche a été oubliée dans Nature Climate Change.
Source : New Scientist
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