Un traitement non antibiotique pour les femmes souffrant d’acné persistante
Une équipe de chercheurs dirigée par l’université de Southampton a montré qu’un médicament bon marché et facilement disponible, utilisé pour traiter l’hypertension artérielle, pourrait aider les milliers de femmes qui souffrent d’acné persistante. L’étude SAFA est le premier essai clinique à grande échelle à prouver que la spironolactone est un traitement efficace de cette affection cutanée.
Traiter l’acné persistante
Près d’un tiers des femmes qui ont souffert d’acné à l’adolescence continuent d’en être affectées à l’âge adulte. Cela peut représenter un fardeau physique et psychologique énorme pour celles qui souffrent de poussées persistantes.
Les traitements topiques (crèmes et gels), disponibles en pharmacie ou sur ordonnance, constituent le traitement de première intention de l’acné. Ils sont efficaces pour de nombreuses personnes, mais s’ils ne fonctionnent pas, les médecins généralistes prescrivent souvent des antibiotiques oraux à utiliser en même temps que les crèmes et les gels. Cela peut aggraver le fardeau croissant de la résistance aux antibiotiques au sein de la population.
« Depuis plusieurs années, les dermatologues prescrivent un médicament appelé spironolactone pour traiter l’acné sévère », explique le professeur Alison Layton qui codirige l’étude SAFA. « Il s’agit d’un médicament bon marché qui est utilisé depuis des décennies dans le traitement de l’hypertension artérielle. Ce médicament réduit également la principale hormone responsable du développement de l’acné ».
« Cependant, les études précédentes sur la spironolactone dans le traitement de l’acné étaient très limitées et il n’y avait pas de preuve définitive de son efficacité.
Un traitement efficace
L’étude SAFA a recruté plus de 400 femmes âgées de plus de 18 ans, souffrant d’acné depuis plus de six mois, et pour lesquelles des antibiotiques oraux auraient normalement constitué le traitement suivant. La moitié d’entre elles ont été réparties au hasard pour prendre de la spironolactone, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo.
Les femmes ont été invitées à remplir des questionnaires sur leur acné et leur qualité de vie au début de l’essai, puis 12 et 24 semaines après le début du traitement. « Les résultats ont montré que les femmes prenant de la spironolactone ont vu leur acné s’améliorer de manière significative après 12 et 24 semaines par rapport à celles qui prenaient le placebo », explique le professeur Miriam Santer.
Une alternative aux antibiotiques
« Une proportion significativement plus élevée de personnes a également déclaré être satisfaite de l’amélioration de leur peau par rapport à celles recevant le placebo, et les effets secondaires ont été peu fréquents et très mineurs. Ces résultats montrent que la spironolactone pourrait constituer une alternative aux antibiotiques pour de nombreuses femmes souffrant d’acné persistante, en complément d’un traitement topique de l’acné.
Zina Eminton, responsable principale des essais a déclaré : « il s’agit d’un essai difficile qui a débuté juste au moment où la pandémie de COVID-19 a frappé le Royaume-Uni. Nous avons donc dû nous adapter pour faire preuve de souplesse et d’agilité dans la conduite de l’essai, en utilisant les médias sociaux pour aider à recruter des participants et en organisant des rendez-vous de suivi virtuels par appels vidéo. La publication de ces résultats positifs aujourd’hui est une réussite fantastique pour toutes les personnes impliquées et nous pensons qu’ils bénéficieront à de nombreuses autres femmes à l’avenir ».
Des preuves convaincantes
Le professeur Andrew Farmer a déclaré : « les résultats de cet important essai fournissent des preuves convaincantes qui pourraient aider des milliers de femmes souffrant d’acné persistante. Ce traitement constitue une alternative intéressante aux antibiotiques et permet aux cliniciens de mieux prévenir les effets néfastes de la résistance aux antimicrobiens. »
Cette recherche a été publiée dans le British Medical Journal.
Source : University of Southampton
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