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Combattre la maladie d’Alzheimer avec des vibrations de 40 Hz

Technologie 19 mai 2023

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Une nouvelle étude menée par des scientifiques du MIT, montre que des souris modèles de la maladie d’Alzheimer exposées à des vibrations de 40 Hz une heure par jour pendant plusieurs semaines, présentent une amélioration de la santé cérébrale et de la fonction motrice par rapport à des témoins non traités.

Des vibrations de 40 Hz 

Le groupe du MIT n’est pas le premier à montrer que la stimulation tactile à fréquence gamma peut affecter l’activité cérébrale et améliorer la fonction motrice, mais il est le premier à montrer que la stimulation peut également réduire les niveaux de la protéine tau phosphorylée caractéristique de la maladie d’Alzheimer, empêcher les neurones de mourir ou de perdre leurs connexions au circuit synaptique, et réduire les dommages causés à l’ADN neuronal.

« Ce travail démontre qu’il existe une troisième modalité sensorielle que nous pouvons utiliser pour augmenter la puissance gamma dans le cerveau », a déclaré Li-Huei Tsai, auteur correspondant de cette étude.

Cette étude a vérifié si la stimulation tactile de 40 Hz sur l’ensemble du corps produisait des avantages significatifs dans deux modèles de souris couramment utilisés pour la neurodégénérescence de la maladie d’Alzheimer, la souris Tau P301S, qui récapitule la pathologie tau de cette maladie, et la souris CK-p25, qui récapitule la perte de synapses et les lésions de l’ADN observées dans cette maladie humaine.

Deux zones du cerveau : SSp et MOp

L’équipe a concentré ses analyses sur deux zones du cerveau : le cortex somatosensoriel primaire (SSp), où les sensations tactiles sont traitées, et le cortex moteur primaire (MOp), où le cerveau produit des commandes de mouvement pour le corps.

Pour produire la stimulation vibratoire, les chercheurs ont placé des cages de souris au-dessus de haut-parleurs diffusant un son de 40 Hz, qui faisait vibrer les cages. Des souris témoins non stimulées se trouvaient dans des cages réparties dans la même pièce, de sorte que toutes les souris entendaient le même son de 40 Hz. Les différences mesurées entre les souris stimulées et les souris témoins ont donc été faites par l’ajout d’une stimulation tactile.

Dans un premier temps, les chercheurs ont confirmé que la vibration de 40 Hz faisait une différence dans l’activité neuronale du cerveau de souris saines (c’est-à-dire non atteintes de la maladie d’Alzheimer). Mesurée par l’expression de la protéine c-fos, l’activité a été multipliée par deux dans le SSp et par plus de trois dans le MOp, avec une augmentation statistiquement significative dans ce dernier cas.

Une fois que les chercheurs ont su que la stimulation tactile de 40 Hz pouvait augmenter l’activité neuronale, ils ont évalué l’impact sur cette maladie dans les deux modèles de souris. Pour s’assurer que les deux sexes étaient représentés, l’équipe a utilisé des souris P301S mâles et des souris CK-p25 femelles.

Des réductions significatives de tau

Les souris P301S stimulées pendant trois semaines ont montré une préservation significative des neurones par rapport aux témoins non stimulés dans les deux régions du cerveau. Les souris stimulées ont également montré des réductions significatives de tau dans le SSp par deux mesures, et ont montré des tendances similaires dans le MOp.

Les souris CK-p25 ont reçu une stimulation vibratoire pendant six semaines. Ces souris ont montré des niveaux plus élevés de marqueurs des protéines synaptiques dans les deux régions du cerveau par rapport aux souris témoins non stimulées par les vibrations. Elles présentaient également des niveaux réduits de dommages à l’ADN.

Enfin, l’équipe a évalué les capacités motrices des souris exposées aux vibrations par rapport aux souris non exposées. Ils ont constaté que les deux modèles de souris étaient capables de rester sur une tige rotative beaucoup plus longtemps. Les souris P301S se sont également accrochées à un treillis métallique beaucoup plus longtemps que les souris témoins, tandis que les souris CK-p25 ont montré une tendance positive, bien que non significative.

Une nouvelle stratégie thérapeutique

« L’étude actuelle, ainsi que nos études précédentes utilisant le GENUS visuel ou auditif, démontre la possibilité d’utiliser la stimulation sensorielle non invasive comme nouvelle stratégie thérapeutique, pour améliorer cette pathologie et les performances comportementales dans les maladies neurodégénératives », concluent les auteurs.

Cette recherche a été publiée dans Frontiers in Aging Neuroscience.

Source : MIT
Crédit photo : StockPhotoSecrets