Un microbiome sain peut faire toute la différence chez les personnes très malades
Vingt à 50 % de tous les patients très malades, contractent des infections potentiellement mortelles pendant leur séjour en unité de soins intensifs, ou à l’hôpital après leur passage en unité de soins intensifs, ce qui augmente considérablement le risque de décès.
Les infections nosocomiales
« Malgré l’utilisation d’antibiotiques, les infections nosocomiales constituent un problème clinique majeur, pour lequel nous n’avons pas de bonnes solutions », explique le docteur Braedon McDonald, médecin en soins intensifs et professeur adjoint. « Nous avons abordé cette question sous un angle différent. Nous avons examiné les défenses naturelles de l’organisme contre les infections, afin de mieux comprendre pourquoi certaines personnes sont plus sensibles à ces infections mortelles. »
L’immunité systémique fonctionne ensemble comme un « métasystème »
Cette étude a porté sur 51 patients nouvellement admis à l’unité de soins intensifs (USI) du CMF. Les patients ont été étudiés au cours de la première semaine de maladie critique aiguë. Cette recherche a montré que le microbiote intestinal et l’immunité systémique fonctionnent ensemble comme un « métasystème » dynamique, dans lequel les problèmes liés aux microbes intestinaux et au dysfonctionnement du système immunitaire, sont associés à des taux significativement plus élevés d’infections nosocomiales.
« Le signal que nous avons vu dans notre recherche est qu’une famille de bactéries, qui vivent naturellement dans l’intestin, semble être importante pour diriger le système immunitaire », explique Jared Schlechte, doctorant dans le laboratoire de McDonald et premier auteur de cette étude. « Toutefois, en cas de maladie grave, le microbiome est endommagé, ce qui permet à ces bactéries de prendre le dessus.
Cette étude a révélé que les patients ayant connu une augmentation anormale de la croissance de cette bactérie commune, appelée efflorescence, présentaient le risque le plus élevé d’infections graves.
Avoir une vision plus holistique
« Ces informations sont importantes parce qu’elles nous donnent une toute nouvelle piste pour commencer à réfléchir non seulement aux moyens de traiter les infections, mais aussi à un traitement potentiel pour les prévenir », déclare M. McDonald. « Ces résultats suggèrent que si nous voulons lutter contre les infections, nous ne pouvons pas nous contenter de cibler ces mauvaises bactéries de manière isolée, et le système immunitaire de manière isolée. Nous devons vraiment avoir une vision plus holistique de la façon dont les choses fonctionnent ». Selon Mme McDonald, les résultats de cette étude ne sont pas à négliger.
Protéger les gens contre les infections
Pour la prochaine étape, McDonald et l’équipe prévoient de lancer un essai clinique randomisé et contrôlé – basé sur une approche de médecine de précision, qui emprunte à la thérapie probiotique, et utilise plusieurs bactéries différentes conçues pour cibler spécifiquement les bactéries identifiées dans cette étude. Les personnes qui acceptent de participer recevront des microbiomes modifiés.
« Ce que nous essayons de faire, c’est de rétablir le mécanisme normal qui fonctionne lorsque nous sommes en bonne santé, et d’en tirer parti pour aider à protéger les gens contre les infections », explique M. McDonald.
Cette recherche a été publiée dans Nature Medicine.
Source : University of Calgary
Crédit photo : StockPhotoSecrets