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Une nouvelle voie cérébrale pourrait réduire la dépendance aux opioïdes

biologie 08 février 2023

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Une voie cérébrale nouvellement découverte chez la souris, pourrait contribuer au développement de la tolérance aux opioïdes, ce qui laisse penser que de futures thérapies ciblant cette voie pourraient prévenir la dépendance aux opioïdes et les surdoses.

Prévenir la dépendance aux opioïdes

Les opioïdes comme la morphine, l’oxycodone et le fentanyl sont des analgésiques efficaces, mais ils créent également une forte dépendance, car leur utilisation fréquente nécessite des doses de plus en plus importantes pour obtenir le même effet. Cela augmente le risque de surdose, qui est un problème croissant aux États-Unis : en 2020, près de 69 000 personnes sont mortes d’une overdose d’opioïdes.

Les recherches menées sur des animaux – et certains rapports de cas chez l’homme – suggèrent que la tolérance aux opioïdes se développe plus rapidement lorsque les drogues sont prises dans le même environnement, un processus appelé apprentissage associatif. Par exemple, si une personne prend une certaine dose d’oxycodone tous les jours dans sa chambre, mais qu’elle prend ensuite cette même dose dans un autre environnement pour la première fois, sa tolérance peut diminuer. Cette différence peut augmenter considérablement le risque de surdose, explique Wei Xiong de l’Université des sciences et technologies de Chine à Hefei.

Une étude sur l’apprentissage associatif avec des souris

Pour identifier le mécanisme à l’origine de ce phénomène, lui et ses collègues ont analysé le cerveau de 24 souris ayant reçu des injections quotidiennes de morphine pendant cinq jours. La moitié des souris ont reçu les injections dans leur cage d’origine, tandis que l’autre moitié les a reçues dans une cage séparée aux parois rayées. Les souris du groupe ayant reçu les injections dans la cage rayée ont développé une plus grande tolérance aux opioïdes que celles du groupe témoin, comme le montre la rapidité avec laquelle elles retirent leur patte de la chaleur lorsqu’elles sont sous la morphine.

Les chercheurs ont ensuite injecté aux souris une solution qui se lie à une protéine associée à l’activité récente des neurones. Après avoir euthanasié les souris, l’équipe a examiné des tranches de leur cerveau au microscope et a projeté un éclairage fluorescent sur les échantillons, ce qui a fait briller la solution.

Une plus grande activité cérébrale dans trois régions

Cela a permis aux chercheurs d’identifier les régions du cerveau qui avaient été les plus actives. Par rapport aux souris d’un groupe témoin, celles du groupe à cage rayée présentaient des signes d’une plus grande activité cérébrale dans trois régions : l’hippocampe ventral, le cortex préfrontal dorsomédial et l’amygdale basolatérale. Ces régions sont connues pour être impliquées dans la mémoire, la conscience de soi et la régulation de la douleur, respectivement.

Lors d’expériences ultérieures avec des souris qui ont développé une tolérance aux opiacés par apprentissage associatif, les chercheurs ont mis en évidence les neurones spécifiques reliant ces trois régions. L’équipe a ensuite utilisé une technique connue sous le nom de chimiogénétique pour activer ou désactiver les cellules de cette voie à l’aide de médicaments.

La voie nouvellement identifiée régit la tolérance aux opiacés

Après quatre jours d’injection de morphine, les souris dont cette voie est active avaient une tolérance à la drogue près de quatre fois supérieure à celle des souris sans voie active. Cela indique que la voie nouvellement identifiée entre ces trois régions, régit le développement de la tolérance aux opiacés en réponse à des signaux contextuels, explique Xiong.

Nora Volkow, de l’Institut national sur l’abus des drogues à Washington DC, affirme que ces résultats remettent en question l’idée selon laquelle la tolérance aux opioïdes est principalement due au fait que les récepteurs cérébraux deviennent moins sensibles à la drogue : « Cet [article] indique que c’est bien plus que cela ».

Inhiber cette voie pourrait inverser la tolérance aux opioïdes

Si une voie similaire existe chez l’homme, nous pourrions mettre au point des thérapies pour l’inhiber, ce qui pourrait inverser la tolérance chez les personnes dépendantes aux opioïdes, et éventuellement prévenir la dépendance chez les personnes à qui l’on prescrit ces médicaments, dit Volkow. Cela permettrait de sauver des milliers de vies.

Cette recherche a été publiée dans Science Advances.

Source : New Scientist
Crédit photo : Depositphotos