Technologie Média

Une molécule pourrait traiter les troubles de la consommation d’alcool

biologie 31 janvier 2023

un-molécule-pourrait-traiter-les-troubles-de-la-consommation-de-alcool

Un composé antidépresseur expérimental doté d’un mécanisme d’action potentiellement unique, pourrait également être efficace contre les troubles liés à la consommation d’alcool, selon une étude préclinique du Scripps Research.

La molécule MAP4343

Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que plusieurs semaines de traitement avec la molécule MAP4343 inversaient la consommation excessive d’alcool chez des souris ayant modélisé ce trouble.

Le MAP4343, une molécule de type stéroïde, fait actuellement l’objet d’essais cliniques en tant qu’antidépresseur, bien que son mécanisme d’action probable – qui implique la modulation des protéines structurelles dans les cellules – soit différent de celui de tout autre antidépresseur ou traitement du trouble de la consommation d’alcool.

Les chercheurs estiment que plus de 100 millions de personnes dans le monde souffrent d’un trouble de la consommation d’alcool, et que ce trouble représente plus de 5 % de la charge totale de morbidité et de mortalité dans le monde. Il existe un fort besoin de meilleurs traitements, car les options actuelles, qui incluent le médicament naltrexone, ne parviennent généralement pas à prévenir une rechute.

Traditionnellement, les scientifiques ont cherché à traiter le trouble de la consommation d’alcool en bloquant les effets gratifiants de la consommation d’alcool – comme le fait la naltrexone – ou en inversant l’anxiété et le malaise qui surviennent après le sevrage de l’alcool et favorisent la rechute. Cependant, des études récentes sur des cerveaux des rongeurs et d’humains ont montré que les troubles liés à l’alcool peuvent perturber la production et/ou la régulation normales de protéines structurelles-clés dans les cellules du cerveau.

Des perturbations qui entretiennent la dépendance à l’alcool

Ces protéines comprennent la tubuline, le principal constituant des structures appelées microtubules, que les cellules utilisent pour diverses fonctions, notamment la division cellulaire et le transport interne des molécules. On ne sait pas encore exactement comment les perturbations de la tubuline et des microtubules sont liées à la consommation d’alcool, mais les données disponibles suggèrent que ces perturbations contribuent à entretenir la dépendance à l’alcool, de sorte que les inverser pourrait constituer une stratégie de traitement plus efficace.

Le MAP4343 pourrait vraisemblablement remplir ce rôle de traitement, puisqu’il est connu pour favoriser l’assemblage des protéines tubulines en microtubules. Des études précliniques ont également révélé que le MAP4343 possède des propriétés antidépressives, et son développeur, MAPREG, une société française de biotechnologie, le teste maintenant dans le cadre d’essais cliniques sur des patients souffrant de dépression.

Un traitement potentiel

« Ces résultats prometteurs suggèrent que nous devrions tester le MAP4343 chez l’homme en tant que traitement potentiel du trouble de la consommation d’alcool », déclare l’auteur principal de cette étude, Candice Contet, professeure associée au département de médecine moléculaire du Scripps Research. Si ces tests s’avèrent concluants, cette molécule permettrait de traiter un trouble qui, jusqu’à présent, n’avait que peu ou pas d’options pour le traiter efficacement.

Cette recherche a été publiée dans Neuropsychopharmacology.

Source : Scripps Research
Crédit photo : StockPhotoSecrets