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Les placebos réduisent les sentiments de culpabilité

Humain 13 janvier 2023

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Les gens n’ont pas toujours un comportement irréprochable dans leurs relations avec les autres. Lorsque nous constatons que cela a causé un préjudice par inadvertance, nous nous sentons souvent coupables. Il s’agit d’un sentiment inconfortable qui nous pousse à prendre des mesures correctives, comme présenter des excuses ou reconnaître nos torts.

Les placebos contre la culpabilité

C’est pourquoi la culpabilité est considérée comme une émotion morale importante, à condition qu’elle soit adaptative, c’est-à-dire appropriée et proportionnelle à la situation. « Elle peut améliorer les relations interpersonnelles et est donc précieuse pour la cohésion sociale », explique Dilan Sezer, chercheur à l’université de Bâle. Des chercheurs de la Faculté de psychologie de l’Université de Bâle ont étudié la possibilité de réduire le sentiment de culpabilité en prenant des placebos.

Afin d’éveiller le sentiment de culpabilité, les sujets de cette étude ont été invités à raconter par écrit un moment où ils n’avaient pas respecté des règles de conduite importantes, où ils avaient traité injustement un proche, où ils l’avaient blessé ou même fait du mal. L’idée était que les participants se sentent toujours mal à propos de la situation choisie.

Les participants ont ensuite été répartis au hasard : les participants d’un groupe ont reçu des pilules placebo en étant trompés sur le fait qu’il s’agissait d’un vrai médicament, tandis que les participants d’un autre groupe ont été informés qu’ils recevaient un placebo.

On a dit aux deux groupes que ce qu’on leur avait donné serait efficace contre les sentiments de culpabilité. Le groupe témoin n’a reçu aucun traitement. Les résultats ont montré que les sentiments de culpabilité étaient significativement réduits dans les deux groupes sous placebo par rapport à ceux qui ne prenaient pas de médicaments.

Les placebos fonctionnent 

C’était également le cas lorsque les sujets savaient qu’ils avaient reçu un placebo. « Notre étude confirme donc la conclusion intrigante selon laquelle les placebos fonctionnent même lorsqu’ils sont administrés ouvertement, et que l’explication du traitement est essentielle à son efficacité », déclare l’auteur principal de cette étude, Dilan Sezer. Les participants à cette étude étaient tous en bonne santé, ne souffraient d’aucun trouble psychiatrique et n’étaient pas traités par des psychotropes.

Lorsque les sentiments de culpabilité sont irrationnels et durent plus longtemps, ils sont considérés comme inadaptés, c’est-à-dire disproportionnés. Ces émotions peuvent affecter la santé des gens et sont également, entre autres, un symptôme courant de la dépression.

Des études scientifiques ont montré que les effets placebo peuvent être puissants dans le traitement de la dépression. Mais la découverte que les placebos en ouvert peuvent également être utiles pour des émotions aussi fortes que la culpabilité est nouvelle. Il va de soi, dit Dilan Sezer, que nous devrions essayer d’exploiter ces effets pour aider les personnes touchées.

Des traitements spécifiques aux symptômes

« L’administration de placebos en ouvert, en particulier, est une approche prometteuse, car elle préserve l’autonomie du patient en lui permettant d’être pleinement conscient du fonctionnement de l’intervention. » Les résultats de cette étude sont une première étape prometteuse dans la direction de traitements spécifiques aux symptômes et plus éthiques pour les troubles psychologiques utilisant des placebos en ouvert, poursuit Sezer.

D’autres recherches devront être menées pour déterminer s’il est possible de traiter la culpabilité maladive avec des placebos. Et l’on ne sait toujours pas si des effets similaires sont également possibles avec d’autres états émotionnels. Pour Dilan Sezer, une chose est sûre : « l’utilisation de placebos en ouvert serait une option de traitement peu coûteuse et simple pour de nombreuses plaintes psychologiques et physiques. »

Cette recherche a été publiée dans Scientific Reports.

Source : University of Basel
Crédit photo : Depositphotos