Le cancer du pancréas lié au dérèglement de l’horloge circadienne des cellules
Les cellules du cancer du pancréas peuvent avoir des horloges internes perturbées qui contribuent à leur propagation. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre cette maladie, dont le taux de survie à cinq ans n’est que de 11 % aux États-Unis.
Des horloges moléculaires
Presque toutes les cellules de notre corps contiennent des horloges moléculaires, qui leur permettent d’effectuer des processus biologiques selon des cycles réguliers de 24 heures, appelés rythmes circadiens. Ces horloges sont en partie réglées par les variations de la lumière entre le jour et la nuit.
Pour savoir si cela joue un rôle dans le développement du cancer du pancréas, Sean Ronnekleiv-Kelly, de l’université du Wisconsin-Madison, et ses collègues ont étudié l’expression de plusieurs gènes impliqués dans le chronométrage cellulaire dans des tissus pancréatiques cancéreux et non cancéreux, prélevés sur 72 souris et plus de 300 personnes.
Dans le tissu pancréatique sain, l’expression de ces gènes d’horloge suivait des schémas réguliers de 24 heures, mais dans le cancer du pancréas, ces rythmes étaient perdus, tant chez la souris que chez l’homme. Les chercheurs ont ensuite modifié génétiquement des cellules cancéreuses du pancréas afin d’éliminer un important gène de l’horloge appelé Bmal1.
Les perturbations circadiennes sont à l’origine du cancer du pancréas
Lorsqu’on a injecté à des souris ces cellules cancéreuses modifiées, celles-ci se sont développées plus rapidement, se sont propagées plus tôt, ont montré une plus grande résistance à la chimiothérapie, et ont entraîné la mort de l’animal plus tôt, par rapport à l’injection de souris avec des cellules cancéreuses pancréatiques non modifiées.
Ces résultats suggèrent que les perturbations circadiennes, sont à l’origine du cancer du pancréas, ce qui est cohérent avec d’autres études montrant que les cancers du cerveau, du côlon, des poumons et du foie présentent également des horloges circadiennes perturbées, déclare Ronnekleiv-Kelly.
Selon Satchidananda Panda, du Salk Institute en Californie, les cellules peuvent perdre leur capacité à lire l’heure si les rythmes circadiens naturels d’une personne sont désynchronisés en raison d’un sommeil irrégulier, ou d’une exposition prolongée à la lumière artificielle.
Des candidats médicaments et avoir des habitudes de sommeil régulières
Panda et ses collègues ont mis au point des candidats médicaments capables de réactiver l’horloge circadienne des cellules, et ont constaté qu’ils inhibaient la croissance du cancer du cerveau chez la souris. Selon lui, de tels médicaments pourraient également contribuer au traitement du cancer du pancréas, mais des recherches sont nécessaires à cet égard.
Les personnes pourraient réduire leur risque de cancer en ayant des habitudes de sommeil régulières, et en prenant tous leurs repas dans une fenêtre de 8 à 10 heures pendant la journée, ce que l’on appelle l’alimentation à heure limitée, afin de « renforcer l’horloge circadienne », explique M. Panda.
Outre l’exposition à la lumière, l’heure de nos repas a également une incidence sur nos rythmes circadiens. Des recherches suggèrent que les travailleurs postés peuvent améliorer plusieurs aspects de leur santé en adoptant une alimentation restreinte dans le temps.
Cette recherche a été publiée dans bioRxiv.
Source : New Scientist
Crédit photo : Depositphotos