Comment le télescope Vera C. Rubin réduit les interférences des satellites
Le télescope de l’Observatoire Vera C. Rubin, en construction au Chili pour un montant de 473 millions de dollars, pourrait réduire de moitié les interférences visuelles des satellites dans ses images, mais au prix d’un sacrifice d’environ 10 % du temps passé à observer le ciel nocturne.
Les interférences des satellites
Cela pourrait s’avérer nécessaire car des essaims croissants de satellites commerciaux remplissent le ciel nocturne, et éclipsent les étoiles, les planètes et d’autres objets d’intérêt.
Cet observatoire financé par les États-Unis abritera un télescope qui recherchera les astéroïdes géocroiseurs et les supernovae lointaines tout en photographiant l’ensemble du ciel nocturne disponible à l’aide du plus grand appareil photo numérique du monde. Mais l’étude de 10 ans prévue par ce télescope pourrait changer sa routine d’observation pour réduire les interférences avec les satellites.
Mettre à jour l’algorithme de programmation
Les deux principaux opérateurs commerciaux de satellites, OneWeb et Starlink de SpaceX, ont déjà lancé des centaines de satellites, et ils pourraient en exploiter jusqu’à 40 000 avant la fin de 2023. Les simulations informatiques effectuées par Peter Yoachim de l’Université de Washington à Seattle et ses collègues suggèrent qu’environ 10 % de toutes les images du télescope pourraient comporter une traînée de lumière provenant des satellites Starlink et OneWeb.
Les chercheurs ont également étudié ce qui pourrait se passer s’ils mettaient à jour l’algorithme de programmation qui oriente automatiquement le télescope loin des parties du ciel présentant une forte concentration de satellites lumineux. Ces simulations ont montré qu’il était possible de réduire les traînées des satellites par un facteur de deux, tout en perdant 10 % du temps d’observation.
Le ciel pourrait être constellé de 400 000 satellites
Pour l’instant, le sacrifice n’en vaut probablement pas la peine, dit Yoachim. Mais cela pourrait changer si les constellations de satellites prévues s’agrandissent considérablement, ou si davantage d’entreprises lancent des satellites nettement plus lumineux, comme le BlueWalker 3 d’AST SpaceMobile, qui brille plus que 99,8 % des étoiles visibles. En l’état actuel des choses, le ciel pourrait être constellé de 400 000 satellites, et même davantage, si les différentes entreprises donnent suite à leurs projets.
« C’est bien de voir que nous pouvons trouver des algorithmes pour continuer à utiliser cet énorme observatoire dans lequel des millions de dollars des contribuables ont été versés », déclare Samantha Lawler de l’université de Régina au Canada. « Mais regardez tout ce temps que les astronomes passent à essayer de contourner cette nouvelle pollution par des entreprises à but lucratif ».
Les astronomes pourraient mieux comprendre comment supprimer le pire des perturbations si les entreprises partageaient plus de détails sur les orbites de leurs satellites, et les matériaux qui affectent la luminosité des satellites, dit-elle, mais les entreprises devraient également prendre plus de mesures pour minimiser l’impact de leurs satellites sur la science.
SpaceX a réduit la luminosité des satellites Starlink
SpaceX a déjà répondu aux préoccupations des astronomes concernant la luminosité des satellites Starlink en expérimentant des revêtements de peinture plus foncés, des pare-soleil et d’autres méthodes pour réduire la réflectivité des satellites. SpaceX et OneWeb n’ont pas répondu à la demande de commentaire de New Scientist.
Cette recherche a été publiée dans arXiv.
Source : New Scientist
Crédit photo : Bruno C. Quint/Rubin Obs/NSF/AURA