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Une « autopsie virtuelle » révèle la vie d’un nourrisson du XVIIe siècle

Humain 26 octobre 2022

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Un nourrisson né au XVIIe siècle dans une famille aristocratique autrichienne est mort en surpoids, mais il souffrait peut-être d’une carence en vitamine D, selon des chercheurs qui ont pratiqué une « autopsie virtuelle » sur son corps momifié.

Une « autopsie virtuelle » sur un corps momifié

Les scans du corps étonnamment bien conservé, ont révélé des extensions noueuses sur les articulations des côtes, qui sont typiques du rachitisme, causé par un manque de vitamine D, ainsi que d’épaisses couches de graisse – qui ont probablement aidé les tissus à se momifier. Selon Andreas Nerlich, de l’Academic Clinic Munich-Bogenhausen (Allemagne), ces découvertes suggèrent que l’enfant était trop nourri et insuffisamment exposé au Soleil, ce qui a entraîné sa mort.

Nerlich et ses collègues ont examiné les restes de cet enfant après la découverte d’un cercueil en bois non marqué dans une crypte près d’un château en Haute-Autriche. La crypte présentait une circulation d’air constante et une température stable, ce qui a probablement contribué à assécher le corps. « Nous avons ici l’un des très rares cas où un enfant de l’aristocratie s’est momifié spontanément et a pu faire l’objet d’une étude scientifique », explique-t-il.

Il avait entre 10 et 18 mois au moment de sa mort

La datation au radiocarbone du corps, associée aux données relatives à la construction de la crypte, a conduit les chercheurs à estimer que l’enfant a été enterré il y a environ 400 ans. Compte tenu de l’âge approximatif du nourrisson au moment de sa mort – entre 10 et 18 mois – et des emballages en soie indiquant une naissance aristocratique, ils soupçonnent que l’enfant était Reichard Wilhelm, qui a vécu de 1625 à 1626, le fils aîné du comte de Starhemberg.

Sur la base de la tomographie assistée par ordinateur (TAO) du corps, les chercheurs ont confirmé que l’enfant était de sexe masculin, et que ses mesures osseuses et l’éruption de ses dents, correspondaient à celles d’un enfant d’environ un an.

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Les scans des os des côtes ont révélé la présence d’un chapelet rachitique, une condition typique des cas graves de rachitisme. Le rachitisme résulte principalement d’un manque de vitamine D, que le corps produit lorsqu’il est exposé aux rayons ultraviolets du Soleil. Les os de ses jambes n’étaient pas arqués – un signe révélateur du rachitisme chez les enfants plus âgés – mais cela peut s’expliquer par le fait que ce nourrisson ne marchait pas encore, explique M. Nehrlich. L’os d’un bras, en revanche, semblait légèrement déformé.

Il serait mort d’une pneumonie

Les poumons du nourrisson étaient enflammés, ce qui laisse penser qu’il est peut-être mort d’une pneumonie, une maladie connue pour être plus fréquente chez les enfants atteints de rachitisme, ajoute-t-il. La combinaison de l’obésité et d’une grave carence en vitamines ne peut s’expliquer que par un état nutritionnel généralement « bon » et un manque presque total d’exposition au Soleil », explique Nerlich.

On ne sait pas si cette combinaison de caractéristiques était courante, mais les taux de mortalité infantile précoce étaient généralement élevés, par rapport à aujourd’hui dans les classes sociales supérieures de la Renaissance, explique Nerlich.

Cette recherche a été publiée dans Frontiers in Medicine.

Source : New Scientist
Crédit photo : A. G. Nerlich et al/Frontiers