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Un lubrifiant à base de mucus de vache pourrait protéger du VIH

biologie 17 octobre 2022

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Un lubrifiant dérivé du mucus des glandes salivaires de la vache s’est révélé prometteur pour arrêter le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et un herpèsvirus d’infecter des cellules humaines saines.

Un mucus protecteur

Ce mucus est un gel protecteur qui lubrifie les tissus épithéliaux qui recouvrent nos organes et tapissent nos cavités corporelles, et qui constitue une première ligne de défense contre les micro-organismes. Le principal composant de ce mucus, une protéine appelée mucine, pourrait avoir des propriétés antivirales.

Hongji Yan, de l’Institut royal de technologie KTH de Stockholm (Suède), et ses collègues ont voulu tester le potentiel de la mucine pour arrêter le VIH-1, le type de VIH le plus répandu, et le virus de l’herpès simplex 2 (HSV-2), responsable d’une infection sexuellement transmissible qui se traduit par un herpès génital.

Les chercheurs ont d’abord extrait du mucus des glandes salivaires des vaches, qu’ils ont modifié pour en faire un gel. Certaines cellules épithéliales humaines ont été traitées avec ce gel en laboratoire. Un autre groupe de ces cellules n’a pas été traité et a servi de témoin. Les deux groupes de cellules ont ensuite été exposés au VIH-1, au HSV-2 ou à aucun virus. Une heure plus tard, ce gel a été retiré des cellules du premier groupe.

De très bons résultats

Toutes les cellules ont ensuite été incubées, avec ou sans virus, pendant deux jours. Parmi les cellules qui ont été exposées au HSV-2 ou au VIH-1 après avoir été traitées avec ce gel, seulement 20 % et 30 % ont été infectées, respectivement, contre 100 % des cellules exposées sans aucun traitement au gel.

Des recherches antérieures suggèrent que le mucus contient des pores plus grands que certains virus, créant une structure en forme de maille qui piège les agents pathogènes. Dans cette dernière étude, ce gel s’est lié à la glycoprotéine gp120 du VIH-1, qu’il utilise pour pénétrer dans la plupart des cellules humaines.

Ce produit sera bénéfique dans les régions où le VIH est élevé et où l’utilisation du préservatif est faible en raison de la stigmatisation ou de l’indisponibilité, explique M. Yan. « La prochaine étape consiste à essayer la même chose avec le mucus salivaire des porcs », ajoute-t-il.

Ce mucus pourrait également venir des porcs

Le lubrifiant pourrait être fabriqué comme un sous-produit de l’industrie de la viande, selon M. Yan. Les porcs représentent une part importante de cette industrie et il est donc logique de tester le potentiel de leur mucus, dit-il. « L’un des principaux avantages d’un tel produit est qu’il est non invasif, facile à utiliser et qu’il offre à l’utilisateur un meilleur contrôle sur sa santé sexuelle », explique Monica Gandhi, de l’université de Californie à San Francisco.

Depuis dix ans, les personnes qui traitent le VIH sont à la recherche d’un lubrifiant qui réduirait la transmission sexuelle du virus et empêcherait toute stigmatisation associée aux autres méthodes de contraception, dit-elle. « Un tel gel pourrait être une excellente solution contre le VIH/sida ».

Il sera disponible dans moins cinq ans

Néanmoins, ce gel est encore en phase de test en laboratoire, et doit encore passer par des essais sur des animaux vivants et sur des humains. « Je pense qu’il faudra au moins cinq ans avant que ce gel ne fasse partie de notre arsenal anti-VIH/sida », déclare Gandhi.

Cette  recherche a été publiée dans Advanced Science.

Source : New Scientist
Crédit photo : Depositphotos