Manger dans une fenêtre de 10 heures réduit les méfaits du travail posté
Manger dans la même plage horaire de 10 heures par jour, peut contrer les conséquences du travail posté sur la santé, comme un risque accru de diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancer. Le travail posté perturbe les rythmes circadiens, les cycles de veille et de sommeil de 24 heures qui régissent également l’activité de divers organes. L’alimentation peut réguler ces rythmes.
Le travail posté perturbe le métabolisme
Pour voir si le fait de changer ce que les gens mangent et quand ils le font pourrait contrecarrer les effets néfastes du travail posté, Satchidananda Panda, du Salk Institute for Biological Studies en Californie, et ses collègues ont étudié des pompiers travaillant en équipe de 24 heures.
Ils ont conseillé à 137 pompiers de San Diego, en Californie, de suivre pendant 12 semaines le régime méditerranéen – riche en fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes et huile d’olive, et pauvre en viande rouge et en sucre.
Ils ont demandé à 70 d’entre eux de manger dans la même plage horaire de 10 heures chaque jour, et aux 67 autres de manger quand ils le souhaitaient. Avant cette étude, les groupes ne présentaient aucune différence significative en matière de santé, et plus de 70 % des participants présentaient au moins un facteur de risque de maladies cardiaques ou métaboliques, comme l’hypertension artérielle ou l’obésité.
Les participants ont enregistré quand ils mangeaient à l’aide d’une application pour smartphone, et ont répondu à des enquêtes sur le sommeil et le bien-être avant et après cette étude. Les chercheurs ont également prélevé des échantillons de sang et suivi le poids des participants. Les pompiers du groupe mangeant en temps limité ont constaté de plus grandes améliorations de leur santé après 12 semaines par rapport au groupe témoin.
Une diminution de la taille des particules
L’amélioration la plus importante concernait la taille des particules nocives de cholestérol appelées lipoprotéines de très basse densité, qui augmentent le risque de maladie cardiovasculaire. En moyenne, la taille de ces particules a diminué de près de 3 % dans le groupe suivant une restriction alimentaire, contre 0,5 % dans le groupe témoin. « C’est très important car l’une des principales causes de décès ou d’invalidité chez les pompiers est la maladie cardiovasculaire », déclare M. Panda.
« Si les pompiers suivent un régime méditerranéen, c’est bien, mais s’ils combinent ce régime avec une alimentation restreinte dans le temps, c’est encore mieux », explique M. Panda. L’alimentation permet de dicter le moment où les organes remplissent certaines fonctions.
L’estomac, par exemple, digère généralement les aliments pendant la journée et se répare la nuit, mais il ne peut pas remplir ces fonctions simultanément. Un horaire d’alimentation constant pendant la journée renforce ce schéma et permet aux différents organes d’avoir le temps de se réparer, ajoute-t-il.
Cette approche peut réduire le risque de plusieurs maladies
Une alimentation restreinte dans le temps pourrait également contribuer à prévenir les problèmes de santé liés au travail posté, car des recherches antérieures ont montré qu’elle réduisait les taux de maladies, telles que le diabète chez les souris dont les rythmes circadiens étaient perturbés et qui présentaient un risque accru d’obésité et de diabète.
Toutefois, l’étude actuelle ne permet pas de savoir si ce régime est réalisable à long terme, explique Jingyi Qian, de l’université Harvard (Massachusetts). « Si nous voulons obtenir des avantages constants pour les travailleurs postés, nous devons savoir s’ils peuvent adhérer à cette intervention pendant un an ou même plus », dit-elle.
Cette recherche a été publiée dans Cell Metabolism.
Source : New Scientist
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