Des défauts génétiques entraînent des malformations de l’émail
L’émail est le tissu organique le plus dur que l’on puisse trouver dans la nature. Il possède une structure très complexe, composée de minéraux et de protéines spécifiques à l’émail produites par des cellules propres à la dent, appelées améloblastes.
Les améloblastes
Aussi robuste que soit l’émail des dents, il n’en reste pas moins susceptible d’être endommagé : les défauts de l’émail font partie des problèmes dentaires les plus courants et se traduisent, entre autres, par des dents sensibles à la douleur et un risque accru de caries.
Une équipe de chercheurs du Centre de médecine dentaire de l’Université de Zurich a identifié pour la première fois un réseau de gènes importants qui est responsable de graves défauts de l’émail des dents. À l’aide de divers modèles de souris génétiquement modifiés, les scientifiques ont analysé les effets de la molécule Adam10, qui est étroitement liée à la voie de signalisation Notch.
Cette voie de signalisation qui permet la communication entre les cellules adjacentes, est essentielle au développement embryonnaire et joue un rôle crucial dans le développement de pathologies humaines graves, telles que les accidents vasculaires cérébraux et les cancers.
Une désorganisation des améloblastes
Pour étudier en détail le rôle de la signalisation Adam10/Notch dans la formation et la pathologie de l’émail des dents, et pour analyser les modifications de la structure cellulaire et de l’émail des dents en cas de mutation génétique, les chercheurs ont utilisé des outils génétiques, moléculaires et d’imagerie de pointe.
Les scientifiques ont pu démontrer qu’il existe un lien étroit entre l’altération de la fonction Adam10/Notch et les défauts de l’émail. « Les souris porteuses des mutations d’Adam10 ont des dents présentant de graves défauts d’émail », explique Thimios Mitsiadis, professeur de biologie buccale au Centre de médecine dentaire et responsable de cette étude.
« La délétion d’Adam10 provoque une désorganisation des améloblastes, qui entraîne ensuite de graves défauts à la fois dans la structure et la composition minérale de l’émail ». La signalisation Notch dépendante d’Adam10 n’est donc pas seulement impliquée dans des conditions pathologiques graves, mais aussi dans l’organisation et la structure des tissus en développement, tels que les dents.
Selon Mitsiadis, la compréhension du code génétique qui contrôle le développement des dents, la connaissance des connexions moléculaires pendant la formation de l’émail, et l’impact des mutations conduisant à des malformations de l’émail, ouvrent de nouveaux horizons dans le domaine de la prévention et du traitement.
Améliorer les soins dentaires
« Les conditions requises pour la réparation et la formation de novo de l’émail sont extrêmement complexes, mais les nouveaux outils génétiques et pharmaceutiques ciblant les troubles de la formation de l’émail dentaire, nous permettrons d’améliorer considérablement les soins dentaires à l’avenir.
Cette étude nous rapproche donc du moment où des dentistes pourront plus efficacement réparer l’émail des dents. Mais bien sûr, avant que cela arrive, il faudrait faire plus de recherches.
Cette recherche a été publiée dans iScience.
Source : University of Zurich
Crédit photo : iStock