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Identifier le diabète avant que les symptômes apparaissent

biologie 17 août 2022

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Le diabète est un trouble métabolique grave et croissant. Il touche déjà des centaines de milliers de personnes en Suisse. Un mode de vie sédentaire et une alimentation trop riche, endommagent les cellules bêta du pancréas, favorisant l’apparition de cette maladie.

Une détection précoce

Si elle est détectée suffisamment tôt, sa progression pourrait être inversée, mais les outils de diagnostic permettant une détection précoce font défaut. Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) en collaboration avec plusieurs autres scientifiques, dont des équipes des HUG, a découvert qu’un faible taux de sucre 1,5-anhydroglucitol dans le sang est le signe d’une perte de cellules bêta fonctionnelles.

Cette molécule, facilement identifiable par une prise de sang, pourrait être utilisée pour identifier le développement du diabète chez les personnes à risque, avant que la situation ne devienne irréversible.

 »Identifier le passage du pré-diabète au diabète est complexe, car l’état des cellules atteintes, disséminées en très petites quantités au cœur d’un organe situé sous le foie, le pancréas, est impossible à évaluer quantitativement par des investigations non invasives. »

« Nous avons donc opté pour une stratégie alternative : trouver une molécule dont le taux dans le sang serait associé à la masse fonctionnelle de ces cellules bêta afin de détecter indirectement leur altération au stade du pré-diabète, avant l’apparition de tous les symptômes », explique Pierre Maechler, professeur au Département de physiologie cellulaire et qui a dirigé ces travaux.

Un sucre qui indique l’état des cellules bêta

Il y a plusieurs années, les scientifiques se sont lancés dans l’identification d’une telle molécule capable de détecter le pré-diabète. La première étape a consisté à analyser des milliers de molécules dans des modèles de souris saines, pré-diabétiques et diabétiques.

En combinant de puissantes techniques de biologie moléculaire avec un système d’apprentissage automatique, l’équipe de recherche a pu identifier, parmi des milliers de molécules, celle qui reflète le mieux une perte de cellules bêta au stade pré-diabétique : à savoir le 1,5-anhydroglucitol, un petit sucre, dont la diminution dans le sang indique un déficit en cellules bêta.

Encouragée par ces résultats, l’équipe de recherche dirigée par Pierre Maechler est passée à l’étape suivante : déterminer sa pertinence pour l’homme. En collaboration avec de nombreux scientifiques, dont des équipes des HUG, ils ont comparé les taux de 1,5-anhydroglucitol chez des patients diabétiques avec ceux de non-diabétiques.

Une diminution de ce sucre chez les diabétiques

 »Nous avons pu observer une diminution de ce sucre chez les diabétiques. C’était très motivant, d’autant plus que cette baisse était observable indépendamment de leurs symptômes, même avant l’apparition du diabète », indique Cecilia Jiménez-Sánchez, postdoctorante au Département de physiologie cellulaire et première auteure de cette étude.

Cette découverte ouvre de nouvelles voies pour la prévention du diabète, notamment chez les personnes à risque. Une simple prise de sang suivie d’un test spécifique peu coûteux, pourrait permettre d’identifier un début de diabète potentiel chez des personnes à risque, incitant à prendre des mesures avant que la situation ne devienne irréversible.

Tester la pertinence de ce sucre

 »Nous prévoyons encore de tester la pertinence de ce sucre chez différents types de patients et à différentes échelles de temps, mais il pourrait conduire à des progrès majeurs dans le suivi des personnes à risque », conclut Pierre Maechler.

Cette recherche a été publiée dans le The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.

Source : University of Geneva
Crédit photo : Depositphotos