Les personnes avec un demi-cerveau peuvent reconnaître les visages et les mots
Les adultes qui ont subi l’ablation de la moitié de leur cerveau dans l’enfance pour traiter des crises d’épilepsie peuvent encore reconnaître les visages et les mots à un niveau raisonnablement élevé, ce qui suggère que cet organe peut se réorganiser après une opération majeure dans l’enfance.
Le cerveau peut se réorganiser
Marlene Behrmann, de l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh, et ses collègues ont voulu savoir comment la perte de l’un ou l’autre hémisphère du cerveau pendant l’enfance affecte la capacité d’une personne à reconnaître les mots et les visages. L’équipe a testé 40 personnes ayant subi une intervention chirurgicale dans leur enfance pour enlever leur hémisphère gauche ou droit, afin d’arrêter les crises d’épilepsie.
Parmi ces participants, 16 avaient encore leur hémisphère cérébral gauche et 24 leur hémisphère droit. Connue sous le nom d’hémisphérectomie, cette intervention est rare et utilisée en dernier recours pour traiter les crises graves qui proviennent d’un côté du cerveau. Des recherches indiquent que l’opération est efficace pour mettre fin aux crises et qu’elle n’entraîne aucune perte significative de la fonction linguistique ou du QI.
Tester la reconnaissance des visages et des mots
Pour tester la capacité des participants à reconnaître les visages, on leur a présenté des visages gris dont la couleur avait été supprimée et dont les cheveux avaient été photoshopés. Ces images sont apparues au centre d’un écran d’ordinateur sur un fond noir pendant 750 millisecondes (ms) chacune.
Après un intervalle de 150 ms, les participants ont vu un autre visage, cette fois pendant 150 ms. Il leur était alors demandé de dire si ces deux visages étaient identiques.
La reconnaissance des mots a été testée de la même manière, cette fois en utilisant des paires de mots similaires de quatre lettres. Les 40 participants étaient également appariés, en matière d’âge et de sexe, à 58 personnes qui n’avaient pas subi d’ablation d’un hémisphère cérébral.
Pour tester la capacité des participants à reconnaître rapidement les visages, on leur a présenté des visages gris dont la couleur avait été retirée et dont les cheveux avaient été photoshopés. Ces images sont apparues au centre d’un écran d’ordinateur sur un fond noir pendant 750 millisecondes chacune.
L’équipe s’attendait à ce que les personnes n’ayant que l’hémisphère droit obtiennent de meilleurs résultats à la reconnaissance des visages, tandis que celles n’ayant que l’hémisphère gauche devaient obtenir de meilleurs résultats à la tâche de reconnaissance des mots. Au lieu de cela, les personnes dont l’hémisphère gauche ou droit a été retiré ont obtenu une précision moyenne de 86 % dans les deux tâches, contre 96 % dans le groupe témoin.
Le cerveau des enfants est très adaptable
Selon Daniel Mirman, de l’université d’Édimbourg, au Royaume-Uni, cette dernière étude suggère que le cerveau des enfants est très adaptable. « Si les ressources d’un seul hémisphère sont disponibles, alors ces deux comportements s’appuieront sur cette ressource plutôt que de la répartir entre les deux hémisphères », explique-t-il.
« Le fait que des performances supérieures à la normale et largement comparables pour la reconnaissance des visages et des mots puissent être obtenues après une hémisphérectomie infantile témoigne de la remarquable capacité d’adaptation du cerveau juvénile », déclare David Wilkinson, de l’université du Kent, au Royaume-Uni.
Cette recherche a été publiée dans bioRxiv.
Source : New Scientist
Crédit photo : Depositphotos