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L’exposition au froid arrête la croissance des tumeurs chez les souris

biologie 03 août 2022

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Les températures froides pourraient inhiber la croissance des cellules cancéreuses, selon des recherches menées sur des souris et une personne atteinte du lymphome de Hodgkin. L’exposition à de basses températures inciterait les cellules adipeuses brunes à brûler le glucose, la principale source d’énergie des cellules cancéreuses.

Inhiber la croissance des cellules cancéreuses par le froid

Pour tester le potentiel de la thérapie par le froid, Yihai Cao, de l’Institut Karolinska en Suède, et ses collègues ont implanté cinq types différents de cellules cancéreuses dans un groupe de souris. Certains de ces rongeurs ont ensuite été exposés en permanence à des températures très basses, mais supérieures au point de congélation, pendant 20 jours.

Cette exposition a activé le tissu adipeux brun des souris, qui brûle l’énergie plutôt que de la stocker, réduisant ainsi l’apport énergétique des tumeurs. Ces souris ont ensuite présenté une inhibition considérable de la tumeur et un taux de survie presque double de celui des souris n’ayant reçu aucun traitement.

Cette approche modifie le métabolisme global de l’organisme

« C’est vraiment quelque chose de nouveau : il ne s’agit pas de cibler directement les cellules cancéreuses, mais plutôt de modifier le métabolisme global de l’organisme pour agir sur les tumeurs », explique M. Cao.

Pour éliminer la possibilité que la suppression des tumeurs soit due à autre chose que la thérapie par le froid, Cao et son équipe sont intervenus de plusieurs manières. Après avoir retiré chirurgicalement la graisse brune des souris exposées au froid, ou après avoir désactivé le gène par lequel la graisse brune génère de la chaleur, l’inhibition des tumeurs est demeurée absente.

L’inhibition était également absente lorsque les souris étaient nourries avec un régime riche en glucose, ce qui suggère que la croissance des tumeurs était inhibée par un manque de glucose. L’équipe a également effectué une analyse génétique des tumeurs exposées au froid, et a constaté une diminution des marqueurs associés à la consommation de glucose.

Une deuxième expérience donne de très bons résultats

Dans une deuxième partie de l’expérience, Cao et son équipe ont exposé un groupe de six volontaires humains en bonne santé à 16°C pendant 2 à 6 heures par jour pendant deux semaines. Comme chez les souris, le tissu adipeux brun des volontaires s’est activé.

Les chercheurs ont ensuite exposé en continu une personne atteinte d’un lymphome de Hodgkin à 22°C pendant sept jours. Non seulement leur graisse brune s’est activée, mais leurs tumeurs ont également consommé moins de glucose pendant cette période.

Ces résultats sont solides, mais des recherches supplémentaires doivent être menées, tant sur des animaux que sur des humains atteints de tumeurs, déclare Katiuscia Bianchi, du Barts Cancer Institute de Londres.

Selon Saverio Tardito, du Beatson Institute de Glasgow, au Royaume-Uni, les résultats concernant la croissance des tumeurs chez les souris sont « frappants ». Mais étant donné que ce traitement serait très probablement administré en combinaison avec la chimiothérapie, il pourrait avoir un effet négatif sur les médicaments de chimiothérapie, dit-il, ce qui doit être écarté avant tout traitement conjoint.

Une thérapie qui ne serait pas universelle

Le professeur Cao concède lui-même que les variations génétiques de la graisse brune et de sa réaction au froid, peuvent rendre ce traitement inadapté à certaines personnes. Les personnes atteintes d’un cancer à un stade avancé qui ont déjà perdu du poids ne peuvent pas non plus prendre le risque d’en perdre davantage grâce à la consommation d’énergie induite par la graisse brune, ajoute-t-il.

Cette recherche a été publiée dans Nature

Source : New Scientist
Crédit photo : StockPhotoSecrets