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Un plan pour découvrir la vie sur Mars

Espace 22 juin 2022

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L’environnement extrêmement salé, très froid et presque dépourvu d’oxygène sous le pergélisol de Lost Hammer Spring, dans le Haut-Arctique canadien, est celui qui ressemble le plus à certaines zones de Mars.

Des microbes vivent dans des conditions extrêmes

Donc, si vous voulez en savoir plus sur les types de formes de vie qui auraient pu exister – ou qui existent peut-être encore – sur Mars, c’est un bon endroit où regarder. Après de nombreuses recherches dans des conditions extrêmement difficiles, les chercheurs de l’Université McGill ont trouvé des microbes qui n’avaient jamais été identifiés auparavant. De plus, en utilisant des techniques génomiques de pointe, ils ont pu mieux comprendre leurs métabolismes.

Dans un article récent, les scientifiques démontrent, pour la première fois, que les communautés microbiennes vivant dans le Haut-Arctique canadien, dans des conditions analogues à celles de Mars, peuvent survivre en mangeant et en respirant des composés inorganiques simples d’un type qui a été détecté sur Mars (comme le méthane, le sulfure, le sulfate, le monoxyde de carbone et le dioxyde de carbone).

Cette découverte est si convaincante que des échantillons des sédiments de surface de Lost Hammer ont été sélectionnés par l’Agence spatiale européenne pour tester les capacités de détection de la vie des instruments qu’elle prévoit d’utiliser lors de la prochaine mission ExoMars.

Développer un plan pour la vie sur Mars

La source Lost Hammer, située au Nunavut dans le Haut-Arctique canadien, est l’une des sources terrestres les plus froides et les plus salées découvertes à ce jour. L’eau qui remonte à la surface à travers 600 mètres de pergélisol est extrêmement salée (~24 % de salinité), se trouve en permanence à des températures inférieures à zéro (~-5 °C) et ne contient presque pas d’oxygène (<1 ppm d’oxygène dissous).

Les concentrations très élevées de sel empêchent la source Lost Hammer de geler, maintenant ainsi un habitat d’eau liquide même à des températures inférieures à zéro. Ces conditions sont analogues à celles que l’on trouve dans certaines régions de Mars, où l’on a observé des dépôts de sel étendus et de possibles sources salines froides.

Et si des études antérieures ont trouvé des preuves de la présence de microbes dans ce type d’environnement semblable à celui de Mars, cette étude est l’une des très rares à trouver des microbes vivants et actifs.

Pour mieux comprendre le type de formes de vie qui pourraient exister sur Mars, une équipe de recherche de l’Université McGill, dirigée par Lyle Whyte du département des sciences des ressources naturelles, a utilisé des outils génomiques de pointe et des méthodes de microbiologie unicellulaire pour identifier et caractériser une communauté microbienne nouvelle et, surtout, active dans cette source unique. Trouver les microbes, puis séquencer leur ADN et leur ARNm n’a pas été une tâche facile.

Pas besoin de matière organique pour entretenir la vie

« Les microbes que nous avons trouvés et décrits à Lost Hammer Spring sont surprenants, car, contrairement à d’autres microorganismes, ils ne dépendent pas de la matière organique ou de l’oxygène pour vivre », ajoute Whyte.

« Au lieu de cela, ils survivent en mangeant et en respirant des composés inorganiques simples tels que le méthane, les sulfures, le sulfate, le monoxyde de carbone et le dioxyde de carbone, que l’on trouve tous sur Mars. Ils peuvent également fixer les gaz de dioxyde de carbone et d’azote de l’atmosphère, ce qui les rend très adaptés pour survivre et prospérer dans des environnements très extrêmes sur Terre et au-delà. »

Les prochaines étapes de cette recherche consisteront à cultiver et à caractériser davantage les membres les plus abondants et les plus actifs de cet étrange écosystème microbien, afin de mieux comprendre pourquoi et comment ils prospèrent dans la boue très froide et salée de la source Lost Hammer.

Les chercheurs espèrent que cela facilitera l’interprétation des données passionnantes mais énigmatiques sur les isotopes du soufre et du carbone qui ont été obtenues très récemment par le rover Curiosity de la NASA dans le cratère Gale sur Mars.

Cette recherche a été publiée dans The ISME Journal.

Source : McGill University
Crédit photo : Rawpixel