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Un lézard déploie son visage pour effrayer les prédateurs

biologie 15 juin 2022

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La plupart du temps, l’agame à tête de crapaud ressemble à n’importe quel autre lézard du désert. Bronzé et au pied vif, ce reptile vit dans les régions arides d’Asie centrale et du nord-ouest de la Chine. Mais en un instant, il peut déployer des lambeaux de peau spéciaux aux coins de sa large bouche, créant ainsi une paire de boucliers épineux rose vif.

L’agame à tête de crapaud peut déployer des lambeaux de peau

De nouvelles recherches suggèrent que ce déploiement impressionnant est utilisé pour effrayer les prédateurs. Les scientifiques connaissent depuis longtemps les agames à tête de crapaud (Phrynocephalus mystaceus) et leurs joues colorées, mais l’objectif précis de ce déploiement spectaculaire était inconnu.

On pensait que ce déploiement inattendu du visage pouvait effrayer les prédateurs. Mais d’autres utilisations ont également été envisagées – par exemple, les rabats pourraient être utiles pour la parade nuptiale ou les conflits territoriaux. Pour comprendre l’objectif de cette parade, Yin Qi, de l’Académie chinoise des sciences de Chengdu, et ses collègues ont étudié les agames dans le désert chinois de Tukai, en capturant ces lézards et en les plaçant dans de petites arènes extérieures.

Ils ont vérifié si les rabats des joues étaient utilisés dans la compétition pour les partenaires, en enregistrant le comportement des agames dans 14 couples mâle-mâle et 17 couples femelle-femelle. Pas un seul lézard n’a déployé ses pattes, mais beaucoup ont agité leur queue recourbée, ce qui suggère que cette espèce pourrait utiliser d’autres indices physiques dans les interactions sociales.

Une étude avec 38 agames

Ensuite, dans une arène de 2,4 mètres sur 2,4 mètres, l’équipe a présenté à 38 agames l’image d’un faucon volant imprimée sur une planche laminée, maintenue au-dessus de leur tête par un bâton. La plupart des lézards ont réagi au « prédateur » en s’enfuyant, et seuls 3 % d’entre eux ont ouvert les rabats de leurs joues. Lorsque les chercheurs ont reproduit ce test avec des lézards en liberté, seuls 12 % ont montré leurs joues.

Mais lorsque les agames ont été surpris par une attaque en embuscade – pris au piège par un lasso en soie dentaire – 84 % d’entre eux ont déployé leurs rabats flamboyants. Selon Qi et son équipe, il pourrait s’agir d’une réaction de sursaut, destinée à alerter l’agresseur lorsqu’il s’approche ou qu’il tient l’agame en joue, afin de faciliter la fuite du lézard.

Cette réaction serait destinée à alerter l’agresseur

C’est peut-être la raison pour laquelle ces lézards réservaient leurs rabats de joues aux cas où ils étaient attaqués. Ces signaux sont plus efficaces à courte distance. L’analyse par l’équipe des longueurs d’onde de la lumière se réfléchissant sur les pattes roses prédit que les caractéristiques colorées seraient tout à fait perceptibles par les yeux des oiseaux et des serpents.

M. Perez-Martinez souligne que des recherches plus approfondies sur la réaction du prédateur à la manifestation de l’agame sont nécessaires. « Le revers de la médaille reste à tester », ajoute-t-il. « On ne sait pas si ces lambeaux de peau sont efficaces pour susciter une pause ou une retraite de la part d’un prédateur ».

Cette recherche a été publiée dans Biological Journal of the Linnean Society.

Source : New Scientist
Crédit photo : Shutterstock