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Une étude explique la base moléculaire du COVID long

biologie 08 juin 2022

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Chez la plupart des individus, le SARS-CoV-2 est éliminé avec succès par le système immunitaire, mais certains luttent contre des complications prolongées, dont la cause est inconnue.

Des changements biologiques se produisent

Dirigée par des chercheurs de la faculté de médecine Grossman de l’Université de New York, cette étude, qui a examiné des échantillons de tissu de hamsters et d’humains, a révélé que, bien après la fin de l’infection virale initiale, les changements biologiques les plus profonds se produisent dans le système olfactif, composé de la cavité nasale, des cellules spécialisées qui la tapissent et de la région cérébrale adjacente qui reçoit les informations sur les odeurs, le bulbe olfactif.

Alors qu’une étude récente du même laboratoire a montré comment l’infection par le SARS-CoV-2 entrave le sens de l’odorat en modifiant l’activité de certaines protéines olfactives (récepteurs), cette nouvelle étude révèle comment la réaction immunitaire soutenue dans le tissu olfactif affecte les centres cérébraux qui régissent les émotions et la cognition.

Cette étude est la première à montrer que les hamsters préalablement infectés par le SARS-CoV-2 développent une réponse inflammatoire unique dans le tissu olfactif, expliquent les auteurs de cette étude. Contrairement à la plupart des recherches sur le COVID-19 publiées à ce jour, cette étude a comparé la réponse au SARS-CoV-2 chez les hamsters à celle de la grippe A, le virus responsable de la pandémie de grippe porcine en 2009.

Le SARS-CoV-2 a déclenché une réponse immunitaire dans le système olfactif

Plus précisément, cette étude a révélé que si ces deux virus ont généré une réponse similaire dans les poumons, seul le SARS-CoV-2 a déclenché une réponse immunitaire chronique dans le système olfactif qui était encore évidente un mois après la clairance virale.

Cet état inflammatoire chronique observé avec le SARS-CoV-2 correspondait à un afflux de cellules immunitaires telles que la microglie et les macrophages, qui nettoient les débris laissés dans le sillage des cellules olfactives mortes ou mourantes.

Ils recyclent cette matière mais déclenchent également une production supplémentaire de cytokines. Cette biologie était également évidente dans les tissus olfactifs prélevés lors d’autopsies chez des patients qui s’étaient remis d’une infection initiale par le COVID-19, mais qui étaient morts d’autres causes.

« Compte tenu de la portée systémique de ces résultats, cette étude suggère que le mécanisme moléculaire à l’origine de nombreux symptômes du COVID long provient de cette inflammation persistante, tout en décrivant un modèle animal suffisamment proche de la biologie humaine pour être utile dans la conception de futurs traitements », déclare Benjamin tenOever, auteur principal de cette étude.

Des réactions immunitaires prolongées dans des tissus

Ces résultats ont également confirmé que les réactions immunitaires prolongées observées dans le COVID long se produisent dans des tissus où le SARS-CoV-2 n’est plus présent. L’une des théories de l’équipe est que les dommages causés par l’infection initiale ont laissé des restes de cellules mortes et des fragments d’ARN viral, qui provoquent une inflammation prolongée.

Les chercheurs envisagent également la possibilité que les lésions importantes de la paroi des cellules olfactives, responsables de la perte d’odorat observée avec le SARS-CoV-2, permettent aux bactéries d’accéder à des cellules auxquelles elles ne seraient normalement pas exposées (par exemple, les cellules cérébrales du bulbe olfactif), ce qui déclencherait des réactions immunitaires.

Des cicatrices pulmonaires plus étendues dans les poumons infectés par le virus

Au-delà du cerveau, les auteurs ont examiné les poumons un mois après la disparition du virus et après chaque infection pulmonaire aiguë. Ils ont constaté qu’après que le SARS-CoV-2 ait été éliminé, la reconstitution des voies respiratoires était nettement plus lente qu’après la grippe A, le COVID-19 ayant causé des dommages plus importants. L’examen au microscope de lames de tissu a également montré que les cicatrices pulmonaires étaient plus étendues dans les poumons infectés par le SARS-CoV-2, ce qui pourrait expliquer en partie l’essoufflement observé chez certains patients atteints de COVID long.

Cette étude a également révélé que la réaction inflammatoire au SARS-CoV-2 entraînait des lésions rénales qui duraient plus longtemps que celles provoquées par une infection par le virus de la grippe A. Tout cela pris ensemble, les chercheurs montrent que le SARS-CoV-2 laisse plusieurs personnes dans un état très grave, que l’on nomme le COVID long.

Cette recherche a été publiée dans Science Translational Medicine.

Source : NYU Langone Health
Crédit photo : iStock