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Le COVID-19 augmenterait le risque de développer la maladie de Parkinson

biologie 19 mai 2022

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L’université Jefferson et ses collaborateurs montrent, dans une nouvelle étude réalisée sur des souris, que le SARS-CoV-2 pourrait augmenter le risque de dégénérescence cérébrale observée dans la maladie de Parkinson.

Le SARS-CoV-2 et la maladie de Parkinson

Les chercheurs s’appuient sur une étude antérieure du laboratoire de Richard Smeyne montrant que les virus peuvent rendre les neurones plus susceptibles d’être endommagés ou de mourir. Dans cette étude antérieure, les chercheurs ont constaté que les souris infectées par la souche H1N1 de la grippe étaient plus sensibles au MPTP, une toxine connue pour induire certaines des caractéristiques de la maladie de Parkinson.

Principalement la perte de neurones exprimant la dopamine et une inflammation accrue dans les ganglions de la base, une région du cerveau essentielle au mouvement. Les résultats obtenus chez la souris ont ensuite été confirmés chez l’homme par des chercheurs danois, qui ont montré que la grippe doublait presque le risque de développer la maladie de Parkinson dans les dix ans suivant l’infection initiale.

Dans l’étude actuelle, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées pour exprimer le récepteur ACE2 humain, que le SARS-CoV-2 utilise pour accéder aux cellules de nos voies respiratoires. Ces souris ont été infectées par le SARS-CoV-2 et ils ont pu se rétablir.

Un groupe de souris a reçu une dose MPTP

Fait important, la dose choisie dans cette étude correspondait à une infection modérée par le COVID-19 chez l’homme, et environ 80 % des souris infectées ont survécu. Trente-huit jours après la guérison des animaux survivants, on a injecté à un groupe une faible dose de MPTP qui ne devrait normalement pas entraîner de perte de neurones. Le groupe témoin a reçu une solution saline. Deux semaines plus tard, les animaux ont été sacrifiés et leurs cerveaux examinés.

Les chercheurs ont constaté que l’infection par le COVID-19 seul n’avait aucun effet sur les neurones dopaminergiques des ganglions de la base. Cependant, les souris qui ont reçu la faible dose de MPTP après s’être remises de l’infection ont présenté le schéma classique de perte des neurones observé dans la maladie de Parkinson.

Cette sensibilité accrue après l’infection par le COVID-19 était similaire à celle observée dans l’étude sur la grippe ; cela suggère que ces deux virus pourraient induire une augmentation équivalente du risque de développer la maladie de Parkinson.

Une « tempête de cytokines » qui active les microglies

On a constaté que la grippe et le SARS-CoV2 provoquent tous deux une « tempête de cytokines » ou une surproduction de substances chimiques pro-inflammatoires. Ces produits chimiques peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et activer les microglies.

En effet, les chercheurs ont constaté une augmentation du nombre de microglies activées dans les ganglions de la base des souris qui se sont rétablies du SARS-CoV2 et ont reçu du MPTP. Bien que le mécanisme ne soit pas entièrement compris, les chercheurs pensent que l’augmentation des microglies enflamme les ganglions de la base et provoque un stress cellulaire. Cela abaisse ensuite le seuil de résistance des neurones à un stress ultérieur.

Une mise en garde quant aux résultats de cette étude

Si ces résultats confirment l’existence d’un lien possible entre le coronavirus et la maladie de Parkinson, le Dr Smeyne précise que certaines mises en garde s’imposent. « Tout d’abord, il s’agit de travaux précliniques. Il est trop tôt pour dire si nous observerions la même chose chez l’homme, étant donné qu’il semble y avoir un décalage de 5 à 10 ans entre tout changement dans la manifestation clinique de la maladie de Parkinson chez l’homme. »

Ce décalage, dit-il cependant, pourrait être utilisé à notre avantage. « S’il s’avère que le COVID-19 augmente le risque de maladie de Parkinson, ce sera un fardeau majeur pour notre société et notre système de santé. Mais nous pouvons anticiper ce défi en faisant progresser nos connaissances sur les « seconds coups » potentiels et les stratégies d’atténuation. »

Déterminer si les vaccins peuvent atténuer ces effets

Les chercheurs prévoient maintenant de déterminer si les vaccins peuvent atténuer l’augmentation expérimentale de la pathologie de la maladie de Parkinson liée à une infection antérieure par le SARS-CoV-2. Ils testent également d’autres variants du virus, ainsi que des doses correspondant à des cas moins graves chez l’homme.

Cette recherche a été publiée dans Movement Disorders.

Source : Thomas Jefferson University
Crédit photo : Depositphotos