Une ruse pour déjouer les cellules cancéreuses
De nouvelles recherches menées par une équipe du Massachusetts General Hospital (MGH) mettent en évidence une stratégie prometteuse pour stimuler l’absorption des médicaments anticancéreux par les tumeurs cancéreuses, ce qui augmente l’efficacité des traitements de chimiothérapie.
Une stratégie contre le cancer
Il est souvent difficile de faire pénétrer suffisamment de médicaments anticancéreux dans une tumeur. Une stratégie potentielle pour surmonter ce défi consiste à lier les médicaments à l’albumine, la protéine la plus abondante dans le sang. Cette stratégie s’appuie sur le grand appétit des tumeurs pour les nutriments protéiques qui alimentent la croissance maligne. En consommant l’albumine disponible, les tumeurs absorberont par inadvertance les médicaments liés.
Un médicament approuvé par la FDA est le paclitaxel (qui est injecté aux patients) qui une fois lié à l’albumine sous forme de nanoparticules (nab-PTX), est utilisé avec succès pour traiter les cancers du poumon et du pancréas à un stade avancé. « Cependant, tous les patients ne répondent pas au nab-PTX, et l’efficacité de son administration aux tumeurs est mitigée, en raison d’une compréhension incomplète de l’impact de l’albumine sur l’administration et l’action des médicaments », explique l’auteur principal, Miles Miller.
Pour y voir plus clair, Miller et ses collègues ont évalué l’administration de nab-PTX aux tumeurs à une résolution unicellulaire dans des modèles murins du cancer. Grâce à la microscopie 3D et à ce que l’on appelle la technologie de nettoyage des tissus, l’équipe a découvert que les cellules cancéreuses peuvent absorber une quantité importante de nab-PTX et que cette consommation de ce médicament est contrôlée par des voies de signalisation qui interviennent dans l’absorption par les cellules de nutriments tels que l’albumine.
Amener les cellules cancéreuses en manque de nutriments
« Cette découverte suggère que si nous pouvions manipuler ces voies, nous serions en mesure d’amener les cellules cancéreuses dans un état de manque de nutriments, ce qui augmenterait leur consommation de nab-PTX », explique Ran Li, PhD, premier auteur de cette étude. En effet, le traitement des tumeurs avec un inhibiteur du récepteur du facteur de croissance 1 analogue à l’insuline, un composant important de l’une des voies de signalisation, a amélioré l’accumulation du nab-PTX dans les tumeurs et a renforcé son efficacité.
« Ces résultats offrent de nouvelles possibilités pour améliorer l’administration de médicaments liés à l’albumine chez les patients atteints de divers types de cancer », a déclaré M. Miller.
Cette recherche a été publiée dans Nature Nanotechnology.
Source : Massachusetts General Hospital
Crédit photo : Rawpixel