Une thérapie combinée pour le diabète de type 1
Une recherche translationnelle menée par des scientifiques de l’Institut d’immunologie de La Jolla (LJI) a permis de mettre au point une thérapie combinée prometteuse, pour les adultes atteints de diabète de type 1 d’apparition récente.
Une nouvelle thérapie
Cette thérapie combinée a récemment été testée dans le cadre d’un essai de phase 2 randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, financé par la société pharmaceutique Novo Nordisk. Les résultats indiquent un moyen potentiel de traiter cette maladie auto-immune sans laisser l’organisme vulnérable aux maladies infectieuses.
Cette thérapie combine un anticorps anti-IL-21 avec le liraglutide, un médicament contre le diabète. Cette double approche est basée sur les résultats de la recherche du laboratoire du LJI du professeur Matthias von Herrath, médecin en chef du Bureau médical mondial de Novo Nordisk.
« Il s’agit du premier grand essai de cette thérapie combinée, et les données suggèrent qu’elle a du potentiel pour les patients », a déclaré M. von Herrath. « Les bases du choix d’une thérapie combinée ont été élaborées par le travail préclinique de l’Institut La Jolla ».
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui se produit lorsque les propres cellules T de l’organisme ciblent par erreur les cellules bêta productrices d’insuline du pancréas. Lorsque les cellules bêta meurent, l’organisme perd sa capacité à réguler les niveaux de glucose, ce qui peut éventuellement entraîner de graves dommages aux organes et la mort.
L’un des défis du traitement du diabète de type 1 est que les thérapies ciblant les réponses des lymphocytes T « à l’échelle du système », risquent également d’entraver la capacité du système immunitaire à lutter contre des menaces réelles, telles que les virus et les bactéries.
En 2012, le laboratoire von Herrath a publié dans Immunity une étude montrant l’importance du récepteur de l’interleukine (IL)-21, pour permettre aux cellules T nocives de pénétrer dans le pancréas. Des études de suivi ont montré qu’un anticorps anti-IL-21 pouvait interrompre ce signal et potentiellement protéger le pancréas d’une attaque.
Aucun problème de sécurité n’a été identifié
Comme l’anticorps anti-IL-21 semble n’affecter qu’un groupe de cellules T, von Herrath et ses collègues ont pensé que cet anticorps pourrait aider à traiter le diabète de type 1 sans affaiblir le système immunitaire dans son ensemble.
En 2017, Novo Nordisk a publié une étude pré-clinique dans le Journal of Autoimmunity montrant les effets d’une thérapie combinée qui consistait en un anticorps monoclonal anti-IL-21 combiné avec le liraglutide, un médicament approuvé par la FDA pour le diabète de type 2. Il a été démontré que le liraglutide protège la fonction des cellules bêta. L’étude, dont von Herrath est l’un des coauteurs, a montré que cette combinaison pouvait inverser le diabète de type 1 chez un modèle de souris.
Pour cette nouvelle étude, von Herrath et ses collaborateurs ont testé cette thérapie combinée dans un essai de phase 2 randomisé, en groupes parallèles, contrôlé par placebo, en double aveugle et en double duplicata. Par rapport au groupe placebo, les patients ayant reçu le traitement de 54 semaines, présentaient des niveaux plus élevés de sécrétion d’insuline endogène. Aucun problème de sécurité n’a été identifié.
Les chercheurs ont suivi les participants à cette étude pendant 26 semaines après la fin du traitement et ont constaté que les effets diminuaient pendant cette période. Ils n’ont également constaté aucun changement négatif durable du système immunitaire. Les chercheurs notent que cette thérapie combinée devra être évaluée pour sa sécurité et son efficacité à long terme dans le cadre d’un essai clinique de phase 3.
Évaluer sa sécurité
À l’avenir, M. von Herrath et son laboratoire à l’Institut de recherche sur le diabète, se concentrent sur la transposition de leurs découvertes sur le diabète de type 1 et de type 2 du laboratoire à la clinique.
Cette recherche a été publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology.
Source : La Jolla Institute for Immunology
Crédit photo : StockPhotoSecrets