COVID-19 : tout ce qu'il faut savoir sur le vaccin d'Oxford
Un vaccin expérimental contre les coronavirus développé à l’université d’Oxford produit les réponses immunitaires espérées chez les gens. Même s’il n’est pas encore clair si cela signifie que ce vaccin préviendra les infections, le groupe qui l’a mis au point a conclu des accords pour que des entreprises en fabriquent 2 milliards de doses en un an. « C’est un jour très important aujourd’hui », déclare la chef d’équipe Sarah Gilbert. « Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir ».
Le vaccin d’Oxford
Au moins 23 vaccins expérimentaux sont actuellement testés sur des personnes. Le but de ces essais est de prouver que ces vaccins fonctionnent, mais cela prendra du temps, car il faut donner un vaccin ou un placebo à plusieurs milliers de personnes dans une région où il y a beaucoup de cas de coronavirus.
Ces dernières découvertes sont le résultat d’un essai de moindre envergure destiné à étudier la réponse immunitaire pour savoir si ce vaccin est sûr et produit l’effet escompté. Environ 1000 volontaires ont reçu le vaccin d’Oxford, qui utilise un virus du rhume de chimpanzé pour transmettre le gène de la protéine de pointe du coronavirus aux cellules humaines.
Le virus modifié ne peut pas se répliquer, donc ne peut pas causer d’infection. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé dans cette étude, publiée cette semaine. Les volontaires ont produit de nombreux anticorps, des protéines qui circulent dans le sang et se lient aux virus. Tous ces anticorps ne se lient pas de manière à rendre le virus inoffensif, mais après une dose, la plupart des volontaires ont produit des anticorps qui empêchent les virus d’infecter les cellules. Après deux doses, tous les volontaires ont produit des anticorps neutralisants.
Leur corps a également produit des cellules immunitaires appelées cellules T qui recherchent et détruisent les cellules infectées avant de produire d’autres virus. Cette réponse cellulaire est considérée comme une partie importante de l’immunité au coronavirus. « Nous sommes très excités par ces résultats », déclare Teresa Lambe, membre de l’équipe.
La réponse des anticorps est comparable à celle observée dans les infections naturelles, mais elle est plus forte. Il reste cependant à voir si cette réponse est suffisante pour protéger contre une infection et combien de temps cette protection dure. Même si l’immunité s’affaiblit rapidement lorsque les personnes sont infectées par le coronavirus, cela ne signifie pas nécessairement que l’immunité induite par ce vaccin fera de même, déclare Adrian Hill, membre de l’équipe. « Il est faux de penser cela », dit-il.
On ne sait pas non plus dans quelle mesure ce vaccin protégera les personnes âgées, qui sont plus exposées au COVID-19 et qui réagissent moins bien aux vaccins antigrippaux. L’essai d’Oxford n’a porté que sur des personnes âgées de 18 à 55 ans.
Un vaccin d’une équipe en Chine
Dans un article publié parallèlement à celui d’Oxford, une équipe en Chine a fait état des résultats d’un essai au cours duquel 603 volontaires ont reçu une dose d’un vaccin similaire, appelé Ad5. Elle a constaté que la réponse immunitaire était plus faible chez les personnes âgées de plus de 55 ans.
Ces études ne sont pas les premières du genre. La compagnie américaine Moderna a découvert que son vaccin expérimental avait provoqué des réponses protectrices chez 45 personnes. Elle a maintenant entamé des essais de phase III de plus grande envergure.
L’équipe d’Oxford est également entrée dans des essais de plus grande envergure. Environ 8000 personnes au Royaume-Uni ont déjà reçu ce vaccin, et un essai est en train d’être étendu pour inclure les personnes de plus de 55 ans. Des essais commencent également aux États-Unis, au Brésil et en Afrique du Sud. Comme le nombre de cas de COVID-19 est plus élevé dans ces pays, ces essais pourraient donner des résultats plus rapidement.
La firme pharmaceutique AstraZeneca se prépare déjà à produire un milliard de doses du vaccin d’Oxford, et le Serum Institute of India a également accepté d’en produire un milliard. Ces doses seront produites à titre non lucratif tant que durera cette pandémie.
Par ailleurs, la société britannique Synairgen a indiqué que les patients traités à l’hôpital pour le COVID-19 qui respiraient la forme aérosol d’une protéine appelée interféron bêta de la société avaient 80 % de chances en moins de développer une maladie grave. Ils se rétablissaient également plus rapidement.
Les chercheurs impliqués disent que le coronavirus bloque la production naturelle d’interféron bêta dans les poumons, supprimant la réponse immunitaire. L’administration de cette protéine directement dans les poumons permet d’administrer une forte à l’endroit qui est nécessaire. Obtenir les mêmes niveaux dans les poumons en injectant l’interféron bêta produirait de graves effets secondaires.
Cependant, ces résultats ont été basés sur une étude portant sur seulement 100 personnes, et devront donc être confirmés par un essai plus important. « Nous admettons que ce n’est pas la plus grande étude. Il s’agissait d’une étude exploratoire », déclare Tom Wilkinson, de l’université de Southampton, qui a dirigé cet essai. Cependant, le fait que ce traitement semble avoir plusieurs effets bénéfiques leur donne confiance dans son authenticité. « Nous voyons un signal très fort à travers toutes les mesures », dit-il.
Ces recherches ont été publiées dans The Lancet : Étude-1 et Étude-2.
Source : New Scientist
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