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Des particules de silice empêchent le corps d'absorber les graisses

biothechnologie 17 janvier 2020

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En plus de chercher des moyens d’améliorer le métabolisme des graisses et d’accroître notre compréhension de la génétique du gain de poids, l’une des principales avenues de la recherche sur l’obésité consiste à essayer de trouver des moyens d’inciter les gens à manger moins. Mais si nous abordions ce problème sous un angle différent. Et s’il existait un moyen de manger tout ce que nous voulons, mais que nous bloquions tout simplement l’estomac afin que les graisses et des sucres ne soient plus absorbés.

Des particules de silice pour maigrir appelées MSPs

Une équipe de chercheurs suédois a peut-être trouvé un moyen de faire exactement cela. En utilisant de minuscules particules de silice, l’absorption d’énergie des aliments riches en matières grasses peut être considérablement réduite, et les chercheurs testent déjà cette méthode dans le cadre d’essais sur les humains.
« Nous avons choisi une approche alternative innovante », explique Tore Bengtsson, de l’Université de Stockholm, en expliquant le processus de recherche de son équipe. « Les particules de silice mésoporeuses (MSPs) sont un type de particules de silice synthétique ingérables qui peuvent être produites avec une grande surface et des pores avec plusieurs tailles ».
Des recherches antérieures avaient suggéré que les MSPs pouvaient induire une perte de poids chez les souris obèses lorsqu’ils étaient ajoutés au régime alimentaire de ces animaux. Cette nouvelle étude visait à tester plusieurs MSPs de formes et de tailles différentes afin de déterminer la meilleure structure pour lutter contre l’obésité et la consommation de graisses.
Pendant sept semaines, des souris ont reçu une alimentation riche en matières grasses et en calories, mélangée à une variété de MSPs. Quatre pour cent du volume total des granules alimentaires donnés à ces animaux contenaient des MSPs.

La MSP la plus efficace a réduit l’absorption des graisses de 33 %

Les chercheurs ont constaté que la MSP la plus efficace a réduit l’absorption alimentaire des graisses de 33 %. L’efficacité alimentaire a été calculée comme étant le pourcentage de l’apport alimentaire stocké sous forme de gras. Les chercheurs ont également noté que la MSP la plus efficace avait entraîné une diminution globale du gain de poids et des niveaux d’insuline.
À ce stade, on ne sait pas exactement comment les MSPs perturbent la capacité de l’organisme à métaboliser les aliments. Les chercheurs émettent l’hypothèse que les MSPs pourraient inhiber l’activité de certaines enzymes digestives telles que les lipases, des enzymes qui digèrent et transportent les graisses alimentaires dans le système digestif. Cette étude note que les MSPs ne bloquent pas entièrement toute l’activité des lipases, ce qui suggère que d’autres mécanismes doivent se produire.

Aucun effet néfaste sur la santé

Les premières indications d’innocuité suggèrent que les MSPs n’ont qu’aucun effet négatif sur la santé des animaux. Les niveaux d’appétit sont inchangés, tous les marqueurs inflammatoires sont restés normaux et les études à plus long terme examinant la toxicité ne suggèrent aucun effet néfaste venant des particules de silice.
Les chercheurs notent que les particules utilisées dans cette étude sont de taille microscopique mais pas aussi petites que des nanoparticules. Ainsi, les préoccupations relatives aux effets néfastes des nanoparticules sur la santé ne s’appliquent pas nécessairement ici.

Un excellent profil d’innocuité

En fait, les chercheurs soulignent que les MSPs utilisées dans cette étude sont chimiquement similaires aux additifs alimentaires de silice actuellement approuvés, comme le dioxyde de silicium – connu sous le nom de E551 – qui sont ajoutés à un grand assortiment d’aliments. Selon M. Bengtsson, ce profil d’innocuité préexistant permet à cette recherche de passer rapidement aux essais cliniques sur les humains.
« Les données présentées dans cette étude suggèrent que des MSPs adaptés pourraient être utilisés pour traiter l’obésité et le diabète chez les humains, surtout si l’on tient compte de leur excellent profil d’innocuité », dit-il. « Depuis que nous avons terminé ce travail, des essais cliniques ont été conçus et sont maintenant en cours. »
Cette recherche a été publiée dans Nanomedicine.
Source : Stockholm University
Crédit photo : Pixabay