Aucun scénario n'empêchera l'élévation du niveau de la mer
L’eau, liquide et gelée, occupe la plus grande partie de la surface de la Terre, les océans en recouvrant les deux tiers et la glace un autre dixième. Tout est en train d’être transformé par les changements climatiques, qui représentent des menaces plus graves pour la vie et la société humaine que les scientifiques ne l’avaient imaginé, selon une évaluation spéciale de la climatologie axée sur les océans et la glace publiée par les Nations unies.
Le niveau de la mer ne cesse d’augmenter
Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) intervient au cours d’une semaine où le monde est obsédé par ce que beaucoup appellent maintenant la crise climatique. La planète s’est déjà réchauffée de 1°C depuis l’époque préindustrielle, et juillet a été le mois le plus chaud de l’histoire moderne.
La semaine dernière, des foules, dont de nombreux écoliers, se sont rassemblées dans les villes du monde entier pour exiger des mesures. Et à New York, les Nations unies ont convoqué leur premier sommet sur le climat depuis 2014, appelant les nations à s’engager à réduire leurs émissions de carbone de manière plus ambitieuse que dans le cadre de l’accord de Paris de 2015. Sans de tels engagements – suivis d’actions – le monde pourrait connaître un réchauffement de 2,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, ou plus, dans les décennies à venir.
Ce nouveau Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution souligne que les régions aquatiques de la planète entrent déjà dans un nouvel état. Après 0,2 mètre d’élévation du niveau de la mer depuis la fin des années 1800, certaines villes côtières sont régulièrement inondées à marée haute. Le réchauffement de l’Arctique étant deux fois plus rapide que celui de la planète, la glace de mer décline rapidement, causant de graves perturbations aux communautés autochtones et à la faune.
Le pergélisol libèrera de grandes quantités de carbone
Le pergélisol dégèle, ce qui mine l’infrastructure et libère de grandes quantités de carbone enfoui. L’océan se réchauffe à toutes les profondeurs et les vagues de chaleur frappent de plus en plus ses habitants. « Il y a des changements dans l’océan que nous ne pouvons pas arrêter « , dit Nerilie Abram, auteur du rapport et paléoclimatologue à l’Australian National University de Canberra.
Par rapport au dernier rapport de l’ONU sur le climat, publié en 2014, la nouvelle évaluation brosse un tableau plus sombre de l’avenir. D’ici 2100, au cours de la vie de ces enfants en grève, le niveau de la mer augmentera probablement de 1,1 mètre si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas; le dernier rapport du GIEC avait fixé la limite supérieure à 0,98 mètre.
Même avec de fortes réductions de la consommation de combustibles fossiles, les océans s’élèveront entre 0,29 et 0,59 mètre, ajoute le rapport. « Aucun scénario n’empêchera l’élévation du niveau de la mer au cours de ce siècle. Nous devons faire face à ce problème indéfiniment « , dit Michael Oppenheimer, auteur du rapport et climatologue à l’Université de Princeton.
Les tempêtes deviendront plus fréquentes d’ici 30 ans
Si rien n’est fait, des ondes de tempête rares et catastrophiques deviendront fréquentes d’ici 30 ans, dit M. Oppenheimer. « Ce qui était un événement centenaire deviendra un événement annuel en 2050. » La structure et la composition de l’océan changent de façon moins évidente, explique Nathan Bindoff, océanographe à l’Université de Tasmanie, à Hobart, en Australie, et auteur du rapport. Au cours des 15 dernières années, un réseau de 4 000 flotteurs autonomes a documenté un réchauffement constant et continu s’étendant jusqu’aux profondeurs de l’océan.
Dans tout l’Arctique, le dégel du pergélisol pourrait amplifier les changements climatiques en libérant du carbone qu’il retient depuis des millénaires. Mais quand l’impact de ces émissions supplémentaires se fera sentir n’est pas clair. Les températures plus chaudes rendent l’Arctique plus vert et les plantes de plus en plus luxuriantes lesquelles capturent le carbone supplémentaire et en stockent une partie dans le sol.
Toutefois, à un moment donné, le carbone libéré est susceptible de submerger le carbone absorbé, affirme Ted Schuur, auteur du rapport et écologiste spécialiste du pergélisol à la Northern Arizona University de Flagstaff.
La plus grande difficulté pour les scientifiques du GIEC a peut-être été d’évaluer la vitesse de l’élévation future du niveau de la mer, qui dépend en grande partie du sort de l’inlandsis de l’Antarctique occidental. Il est peu probable que la calotte glaciaire s’effondre au cours du siècle, ce qui finira par entraîner une augmentation du niveau de la mer de plusieurs mètres.
Des glaciers vitaux ont glissé vers la mer
Mais ces dernières années, plusieurs de ses glaciers vitaux ont glissé vers la mer, et une équipe internationale étudie actuellement son glacier le plus à risque, le Thwaites. Les scientifiques continuent de se demander si un effondrement irréversible n’a pas déjà commencé. Mais c’est un risque que les gens doivent connaître, dit M. DeConto. « L’Antarctique a un grand potentiel pour faire quelque chose de vraiment effrayant. C’est peut-être un résultat peu probable, mais l’impact serait monumental. »
C’est une raison de plus pour le monde de réduire immédiatement les émissions de carbone. « Nous pouvons sauver la cryosphère », dit Schuur. « La rapidité du changement amène parfois les gens à penser qu’il est trop tard, mais ce n’est pas le cas. »
Source : Science
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