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Le génome d'une femme la relie à une civilisation éteinte

Préhistoire 06 septembre 2019

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À peu près au même moment où les anciens Égyptiens construisaient leurs premières grandes pyramides et les Mésopotamiens construisaient des temples monumentaux et des ziggourats, les Harappans de l’Asie du Sud – également connus sous le nom de civilisation de la vallée de l’Indus – construisaient d’énormes complexes d’habitation en briques cuites et découpaient des systèmes de canaux élaborés.

La chute d’une civilisation qui demeure un mystère

La chute brutale de cette civilisation reste l’un des grands mystères du monde antique. Pour la première fois, des scientifiques ont analysé le génome d’un ancien Harappan. Les résultats révèlent peu de choses sur la raison pour laquelle la société s’est effondrée, mais ils illustrent à la fois son passé et son héritage génétique continu chez les Indiens modernes.
Les résultats révèlent peu de choses sur la raison pour laquelle la société s’est effondrée, mais ils illustrent à la fois son passé et son héritage génétique continu chez les Indiens modernes. «La civilisation de la vallée de l’Indus est une énigme depuis longtemps», déclare Priya Moorjani, généticienne en populations à l’Université de Californie, Berkeley, qui n’a pas participé à l’étude.
La civilisation de la vallée de l’Indus a émergé vers 3000 av. J.-C. et s’était effondré vers 1700 av. J.-C. À son apogée, il s’étendait sur une grande partie de l’actuel Nord-Ouest de l’Inde et sur certaines parties de l’Est du Pakistan. Il est également connu sous le nom de civilisation Harappa, d’après le premier de ses sites à avoir été fouillé dans la province du Punjab au Pakistan à partir des années 1820.
Avec l’Égypte ancienne et la Mésopotamie, elle comptait parmi les premières sociétés agricoles urbaines à grande échelle du monde, comptant entre 1 et 5 millions d’habitants dans cinq villes. Bien que des centaines de squelettes de la vallée de l’Indus aient été découverts, le climat chaud de la région détruit rapidement le matériel génétique qui a permis de retracer l’histoire d’autres civilisations anciennes.

Ils ont essayé d’extraire le génome

Une équipe dirigée par le généticien David Reich de l’Université de Harvard et l’archéologue Vasant Shinde du Deccan College de Pune, en Inde, a décidé d’essayer d’extraire le génome avec des spécimens de l’Indus. Ils ont prélevé plus de 60 fragments de squelette, y compris de nombreux os pétreux, avant de pouvoir en extraire l’ADN ancien.
Ensuite, ils ont dû séquencer l’échantillon plus de 100 fois pour reconstituer un génome relativement complet. «Il ne fait aucun doute que c’est l’effort le plus intensif que nous ayons jamais fait pour obtenir l’ADN ancien à partir d’un seul échantillon», déclare Reich. Au cours des milliers d’années à venir, les groupes du Nord et du Sud de l’Inde se sont mélangés, ce qui a conduit au mélange ancestral complexe de la population moderne. Une surprise concerne les ADN liés aux anciens Iraniens, qui prévalaient auparavant chez les Asiatiques du Sud modernes.
Travaillant avec une banque de génomes de l’Indus supposée compter 12 personnes, les chercheurs ont comparé leurs signatures génétiques à l’ADN d’autres civilisations anciennes d’Eurasie et de populations modernes. L’arbre généalogique de l’Indus qui en a résulté a révélé que, bien que cette civilisation se soit effondrée il y a près de 4000 ans, son stock génétique constitue la base de la plupart des habitants de l’Inde aujourd’hui, rapporte l’équipe dans Cell.
«Il semble probable qu’il y ait eu des avancées indépendantes de l’agriculture», déclare l’anthropologue biologique Gyaneshwer Chaubey de l’Université hindoue de Banaras à Varanasi, en Inde, qui n’a pas participé à cette étude. Une explication, note-t-il, pourrait être que les anciens Sud-Asiatiques ont appris les pratiques agricoles de leurs voisins sans se métisser avec eux.

Il faudra davantage de travail archéologique et d’échantillons d’ADN

Selon Chaubey, pour comprendre exactement ce qui s’est passé, il faudra davantage de travail archéologique et d’échantillons d’ADN plus anciens provenant de toute la région. «Les conclusions de l’étude sont extrêmement excitantes, mais ce n’est que le début de l’histoire.»
Source : Science
Crédit photo : Pixabay