Les recherches sur Google pourraient prédire les surdoses d'héroïne
Selon le Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, environ 115 personnes meurent chaque jour des suites d’une surdose d’opioïdes. Le manque de données précises et à jour exacerbe la crise; une étude a démontré que les décès liés aux opiacés ont été sous-estimés de près de 70 000 entre 1999 et 2015, ce qui rend difficile la réaction des gouvernements.
Les recherches sur internet pour prédire les surdoses
Mais maintenant, les recherches sur internet sont apparues comme une source de données pour prédire les risques de surdoses dans les villes ou même dans certains quartiers – des informations qui pourraient aider les intervenants locals qui sauvent des vies.
L’hypothèse de ce travail était que certaines personnes en recherche d’informations sur l’héroïne et d’autres opiacés pourraient faire une surdose dans un proche avenir. Pour tester cette hypothèse, un chercheur de l’University of California Institute for Prediction Technology (UCIPT) et ses collègues ont mis au point plusieurs modèles statistiques pour prévoir les surdoses en se fondant sur des mots-clés liés aux opioïdes, l’inégalité du revenu dans les régions métropolitaines et le nombre total de visites aux salles d’urgence.
Ils ont découvert des différences régionales (voir les graphiques) quant à l’endroit et à la façon dont les gens recherchaient ces renseignements et ont constaté que plus de surdoses étaient associées à un plus grand nombre de recherches par mot-clé. Selon les chercheurs, le modèle le mieux adapté expliquait environ 72% de la relation entre les termes de recherche les plus populaires et les visites aux urgences liées à l’héroïne.
Les auteurs déclarent que leur étude, publiée dans le numéro de septembre dans Drug and Alcohol Dependence, est le premier rapport d’utilisation de recherches via Google.
Un modèle basé sur 12 opioïdes
Pour élaborer leurs modèles, les chercheurs ont obtenu des données de recherche pour 12 opioïdes d’ordonnance et en vente libre entre 2005 et 2011 dans neuf régions métropolitaines des États-Unis. Ils ont comparé ces données avec les dossiers d’admissions aux urgences liées à l’héroïne au cours de la même période. Les modèles peuvent être modifiés pour prédire les surdoses d’autres opioïdes ou les recherches étroites à des codes zip spécifiques, explique l’auteur principal de cette étude Sean D. Young, un psychologue comportemental et directeur exécutif de L’UCIPT.
Cela pourrait fournir des alertes rapides des groupes pouvant faire une surdose et aider à décider où distribuer le médicament d’inversion de surdosage, comme la Naloxone.
Une approche qui a des limites
Toutefois, cette approche a des limites. Tout le monde n’utilise pas Google, et certains termes de recherche n’étaient inclus dans le modèle comme: “brown sugar” (argot pour un type d’héroïne) qui est le plus populaire des opioïdes dans la majorité des villes étudiées, de plus les chercheurs ont noté que leur modèle ne pouvait pas distinguer ce mot de l’ingrédient de cuisson (sucre brun). De plus, les données sur les surdoses dans l’étude étaient relativement anciennes.
Jeanine Buchanich, biostatisticienne à l’Université de Pittsburgh, qui n’a pas participé à cette étude, affirme que « l’article souligne le besoin de nouvelles approches innovatrices pour analyser les données liées à l’épidémie de surdoses d’opioïdes. »
Crédit: Amanda Montañez; Source: «Les recherches internet sur les opioïdes prédisent les futures admissions aux services d’urgence», par Sean D. Young et al., Dans Drug and Alcohol Dependence, vol. 190; 1er septembre 2018
Source : Scientific American
Crédit photo sur Unsplash : Edho Pratama