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Des chercheurs découvrent une molécule ayant un effet antidépressif

biothechnologie 08 mai 2018

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La découverte d’un nouveau mécanisme impliqué dans la dépression, et un moyen de le cibler avec un médicament aussi efficace que les antidépresseurs classiques – apporte une nouvelle compréhension de cette maladie et pourrait ouvrir la voie à des traitements ayant moins d’effets secondaires.
Dans une étude publiée dans Nature Medicine, une équipe de scientifiques de l’Université McGill et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a examiné les mécanismes biologiques et moléculaires des neurones pendant le traitement avec un antidépresseur classique. Réalisée simultanément chez l’homme et la souris, la recherche de Bruno Giros, professeur au Département de psychiatrie de McGill et Eléni Tzavara, directeur de recherche à l’INSERM, vise à démontrer comment deux antidépresseurs agissent sur deux neurotransmetteurs influençant l’humeur: la sérotonine et la norépinéphrine.

Des effets secondaires indésirables

Lorsque ces neurotransmetteurs entrent en contact avec des récepteurs situés à la surface des neurones, ils déclenchent une série de signaux à l’intérieur de la cellule. Ainsi, comme le ferait une course à relais, diverses molécules transmettent des instructions au noyau de la neurone, lui ordonnant d’activer ou d’inactiver l’expression des gènes impliqués dans diverses fonctions biologiques. Parce que les antidépresseurs agissent directement sur deux neurotransmetteurs multifonctionnels, ils s’accompagnent d’un certain nombre d’effets indésirables, communément appelé « effets secondaires ».
Dans cette étude, les chercheurs ont démontré que chez les souris, on peut cibler un seul coureur dans cette course à relais, l’Elk-1, une molécule qui intervient pour le dernier tour de la course et qui semble être directement impliquée dans les troubles dépressifs.
«Ce qui est intéressant et plutôt nouveau, c’est que nous avons démontré l’avantage de cibler les modules de signalisation (un coureur) plutôt que l’ensemble du parcours», explique Giros, également chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (CIUSSS de l’Ouest- de l’île-de-Montréal). « Cette approche devrait nous permettre de réduire au maximum, les effets indésirables des antidépresseurs classiques.

Vers un meilleur traitement

Pour environ un tiers des patients souffrant d’un trouble dépressif majeur, la voie de la guérison peut s’avérer longue car les médecins doivent trouver, par essais et erreurs, le médicament et la posologie appropriés pour les traiter. Pire encore, chez environ 33% des patients, aucun des médicaments existants n’a d’effet. « Le médicament que nous avons testé pourrait également constituer un traitement avec moins d’échecs », explique Giros. « Les antidépresseurs classiques prennent jusqu’à trois semaines pour avoir un effet et cette nouvelle approche pourrait donner des temps de réponse plus rapides. »
Ce nouveau médicament, protégé par un brevet, a été développé par Melkin Pharmaceuticals, une entreprise spécialisée en biotechnologie et cofondée par Giros. La recherche de Giros a en outre indiqué que la molécule Elk-1 est prometteuse en tant que biomarqueur thérapeutique, afin de déterminer quels patients sont plus susceptibles de répondre aux traitements.
crédit photo : Asdrubal luna
[via McGill]